Extraits d'un article publié sur le site de la revue Viento Sur1, sous le titre « 16-M : Manifestación en Madrid para acusar al Estado ».
L’Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium Cultural participeront, le 16 mars (le 16-M) à Madrid, avec le soutien de nombreuses associations, organisations et partis, à un rassemblement pour exiger la liberté des prisonniers politiques et des indépendantistes exilés, afin de rappeler que « l’autodétermination n’est pas un crime ». C’est la première fois que les organisations indépendantistes organisent une manifestation à Madrid. Et elles le font conjointement avec différentes organisations sociales et politiques de la Communauté de Madrid.
Porter la lutte catalane à Madrid
Au Tribunal suprême de Madrid, 12 détenus et condamnés sont en train d’être jugés, pour la plupart inculpés de rébellion, avec des peines requises de 177 ans de prison pour avoir organisé le référendum du 1er octobre 2017 et pour avoir signé une déclaration d’indépendance le 27 octobre de la même année.
Le 16-M peut jouer un rôle important en favorisant la rencontre et la convergence entre des associations, des organisations et des personnes solidaires de la Catalogne, luttant contre l’évolution répressive de l’État et partageant le point de vue selon lequel il faut unifier les luttes pour la démocratie et les droits sociaux face au régime monarchique.
La manifestation sera une occasion de montrer aux habitantEs de Madrid le vrai visage du mouvement catalan : populaire, transversal, pacifique et attaché à la démocratie. L’État et les médias ont réussi à imposer à l’opinion publique hors de Catalogne l’image déformée d’un mouvement manipulé par la bourgeoisie, ethniciste, qui voudrait marginaliser le castillan et ne serait pas solidaire des autres peuples de l’État. Nous devons donner corps à la déclaration de Jordi Cuixart face à ses accusateurs : nous sommes des peuples frères, et ils ne réussiront pas à nous opposer.
Converger avec les autres peuples de l’État
Dans toute l’Espagne, de nombreuses associations, organisations et individus partagent cette analyse, et travaillent à la convergence. Ces extraits du Manifeste du syndicalisme alternatif et de classe, qui appelle à la manifestation du 16 mars à Madrid, en sont un bon exemple : « La lutte pour le droit à l’autodétermination en Catalogne a constitué non seulement l’un des principaux facteurs politiques de déstabilisation du régime de 78, mais est en outre devenu un nouveau champ de bataille pour la mise en place du programme caché de l’État espagnol, c’est-à-dire tout l’arsenal d’exception en matière de répression […] qui s’applique ensuite, à divers niveaux d’intensité, à l’ensemble de la population, aux mouvements sociaux et aux classes travailleuses ».
Si, comme le Roi l’a dit, seul ce qui est légal est démocratique ; si ce qui n’est pas légal est un délit ; si les lois et leur interprétation vont toujours dans le sens de moins de libertés ; si les manifestations pacifiques sont des émeutes et la désobéissance de la rébellion ; alors tous les mouvements sociaux sont sérieusement menacés.
Pour s’opposer à cette dérive réactionnaire de l’État, il faut plus que des résolutions de congrès, des déclarations et des interventions parlementaires. Il faut une action de rue. Cela, Podemos, qui est au niveau de l’État une organisation de gauche puissante, devrait le comprendre, elle qui partage en théorie une bonne partie de ces arguments mais qui, jusqu’à présent, est absente de la mobilisation dans la rue.
Se mobiliser ensemble pour ne pas être écrasés séparément
Le Manifeste du syndicalisme alternatif et de classe ne s’arrête pas, lui, à des déclarations : « Face aux atteintes à la souveraineté populaire, face à la régression démocratique, aux coupes budgétaires, à la répression, aux privatisations et à la précarité, nous avons besoin de travailler à l’unification des luttes, et de construire ensemble un calendrier commun des mouvements sociaux et du syndicalisme combatif […] », appelant à envahir les rues de Madrid le samedi 16 mars. Si nous ne nous mobilisons pas ensemble, nous serons écrasés séparément, en première ou en seconde instance. Le 16-M est une bonne occasion pour essayer d’interrompre une dynamique perverse, pour dénoncer l’utilisation de la justice à des fins de répression des libertés et des droits fondamentaux, pour mettre en accusation l’État et sa dérive autoritaire.
Martí Caussa (traduction J.S.)
- 1. https://vientosur.info/s… ?article14656