« L’intention des forces de sécurité chiliennes est claire : faire du mal à celles et ceux qui manifestent en allant même jusqu’à se livrer à des actes de torture et de violence sexuelle contre des manifestants pour affaiblir le mouvement de protestation. » C’est Amnesty International qui s’exprime ainsi, dans un communiqué publié le 2 décembre, suite à une enquête conduite sur la situation au Chili.
« La justice a enregistré plus de 1 100 plaintes pour torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants et plus de 70 infractions à caractère sexuel mettant en cause des agents de l’État lui auraient été signalées. » Et l’on ne parle ici que des cas signalés à la justice, ce qui donne une idée de l’ampleur de la répression menée par le pouvoir chilien contre le soulèvement populaire en cours depuis la mi-octobre.
Les associations et ONG sont elles aussi ciblées : « Une multitude de mouvements et d’organisations des droits humains s’occupent des blessés, veillent au respect des droits des personnes détenues et suivent de près l’évolution des poursuites intentées devant la justice. Les autorités ont cependant fait obstacle à plusieurs reprises au travail des avocats, des défenseurs des droits humains et du personnel médical, leur refusant l’accès à des commissariats ou à des établissements hospitaliers. Nous avons aussi été informés de violences subies par certains de ces militants et de menaces reçues en raison de leur action. »
Pour Amnesty, il ne fait guère de doute qu’il s’agit d’une politique systématique, et non des « abus » de certains corps des forces de répression : « On peut légitimement penser, au vu du niveau de coordination nécessaire pour réprimer de façon violente pendant plus d’un mois les manifestations, que la responsabilité des plus hautes autorités de l’État est engagée ».
J.S.