A l’Est du pays, au Kivu et en Ituri, la population est toujours prise en otage par diverses milices et par l’armée gouvernementale, sous l’œil complice des dirigeants occidentaux.
Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), milice créée par les génocidaires rwandais en exil, sèment la terreur depuis quinze ans dans l’est de la RDC. L’opération Umoja Wetu (« notre unité »), menée conjointement par les armées rwandaises et congolaises, dans le nord du Kivu, en février dernier, devait y mettre fin. Il s’agissait de leur reprendre le contrôle de plusieurs mines de coltan, d’or et de casserite, mais aussi d’arrêter le général Laurent Nkunda, autrefois soutenu par le Rwanda, puis sacrifié sur l'autel de la réconciliation entre les deux pays. Sa milice, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), avait alors intégré les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), s'associant aux opérations militaires.
Cependant, les FDLR n’ont pas été défaits, et leurs chefs, impunément exilés en Europe, ont pu diriger des opérations de reconquête de certains bastions. L’armée congolaise a immédiatement lancé une seconde opération contre les FDLR, « Kimia II » (« la paix »), appuyée cette fois par la force des Nations unies (la Monuc), tenue à l’écart de la première offensive. En réponse, les FDLR ont intensifié leurs massacres contre les civils. La Monuc étant toujours aussi incapable de protéger la population, malgré son mandat officiel, certaines ONG demandent la suspension de l’opération militaire.
Dans son rapport du 30 juin, le secrétaire général de l’ONU chiffrait à 1,7 millions le nombre de réfugiés dans l’est de la RDC (dont 830 000 pour le seul nord-Kivu), chassés par les combats et les exactions de diverses milices, mais aussi par celles de l’armée officielle, dont les chefs, également impliqués dans le travail forcé et l’exploitation illégale des minerais, tolèrent les pillages et les viols pratiqués par leurs troupes.
Les dirigeants des pays occidentaux n’ont ni aidé à l’indispensable réforme des FARDC, ni donné à la Monuc les moyens supplémentaires (aériens, notamment) qu’elle réclamait pour poursuivre les FDLR. Ils ne sanctionnent pas plus les entreprises occidentales qui profitent de l’économie de guerre. Ils sont plus préoccupés du devenir de l’exploitation minière que par le sort des populations, s'inquiétant de la concurrence chinoise. Alors que les contrats léonins, passés avec des entreprises occidentales pendant la guerre du Congo, sont censés être « revisités », la Chine a emporté un accord qui lui permet d’accaparer des richesses considérables, en échange d’infrastructures.
Les puissances occidentales digèrent mal cette « ingratitude » du président Kabila, qu’elles ont contribué à faire élire. Par le biais du FMI et de la Banque mondiale, elles exercent un chantage à l’allègement de la dette, pour remettre en cause le contrat chinois.
Le retour de la paix et de la sécurité est une condition indispensable pour permettre à la société civile et aux mouvements sociaux de lutter pour la réappropriation de leur sous-sol.
Robin Guébois