Publié le Dimanche 29 mai 2011 à 15h30.

Contre-G8 au Havre : mobilisation réussie

Depuis quelques années, les mobilisations altermondialistes marquent le pas : la dynamique enclenchée depuis Seattle n’est pas éteinte mais elle cherche un second souffle. La participation au contre-sommet organisé au Havre les 21 et 22 mai en est une illustration. La manifestation de samedi a rassemblé 5 000 militantEs autour de mots d’ordre combatifs et radicaux. La présence du NPA a été particulièrement remarquée puisque nous avions un cortège de 500 militantEs avec des camarades de nombreuses régions. Pour leur part, les autres organisations politiques avaient fait le strict minimum, se contentant d’une présence assez symbolique. Plusieurs milliers de personnes ont assisté au meeting international, avec notamment des interventions d’un militant tunisien, d’un Japonais d’Attac ou encore d’un liquidateur de Tchernobyl. Les concerts du soir se sont ensuite poursuivis jusqu’à très tard, avec treize groupes dont, entre autres, Burning Heads, Médine, La Rabia ou encore Grand Final.

Il faut noter le succès du « forum des alternatives » avec près de 400 présents le dimanche. Neuf débats étaient organisés : les peuples pas la finance, comment articuler la sortie du nucléaire avec la défense de l’emploi et des conditions de travail des salariés du secteur, les révolutions arabes, etc. Enfin, un village autogéré a été ouvert pour la semaine et organise des débats jusqu’à la tenue du sommet à Deauville. Sur le plan politique, l’appel unitaire local était plus précis et concret que l’appel de la coordination G8-G20 nationale : centré sur le soutien aux révolutions arabes et contre la politique impérialiste des grandes puissances, contre les plans d’austérité qui jettent les peuples d’Europe dans la misère et enfin contre le saccage de la planète sur l’autel du profit (en référence à Fukushima). Il s’agissait bien pour le collectif local de dénoncer la financiarisation de l’économie mais aussi plus largement la responsabilité des banquiers, des capitalistes et des gouvernements dans la situation mondiale que nous vivons.

Les raisons de l’ampleur limitée de la mobilisation sont de plusieurs ordres. Il y a d’abord la faible implantation du mouvement altermondialiste dans le monde ouvrier et la difficulté pour le syndicalisme (y compris les secteurs lutte de classe) à faire des thématiques internationales des sujets de mobilisation. La faiblesse de l’investissement de nombreuses organisations dans la construction du contre-sommet (tant au niveau national que sur le plan local) mais aussi le climat de psychose sécuritaire instauré par la sous-préfecture et la municipalité ont beaucoup pesé. Illustrant la peur des « casseurs », quasiment tous les commerces de la ville étaient fermés et les rues désertes. L’omniprésence policière ne peut cependant pas être un prétexte pour expliquer et justifier cette modeste mobilisation : ce climat de peur aurait pu être combattu si certaines organisations avaient été plus impliquées. Malgré toutes ces difficultés, l’unité construite depuis l’automne contre la réforme des retraites en sort renforcée. En ce sens, la mobilisation a été une réussite et peut constituer un point d’appui pour approfondir la réflexion et tracer des pistes pour une alternative politique à ce système.

Correspondant