Après la victoire électorale de Syriza en Grèce en janvier, en Espagne la semaine dernière, Podemos – « Nous pouvons » – a connu à son tour un succès aux élections municipales et régionales. Ce nouveau mouvement trouve son origine en 2012 suite à la révolte des Indignés contre les politiques d’austérité et les partis de droite ou de gauche qui les mettent en œuvre, la « caste » des politiciens corrompus.
Ce rejet de l’austérité et de ses conséquences dramatiques pour les travailleurs et les classes populaires qui s’est manifesté en Grèce ou en Espagne est le nôtre,et leur luttes sont les nôtres. La politique qu’ils rejettent est la même, plus accentuée, que celles que Hollande, après Sarkozy, le PS après l’UMP, nous imposent.C’est cette politique qui avait été rejetée, ici aussi il y a dix ans, par le Non au référendum sur le traité constitutionnel européen, le TCE, qui prétendait nous faire approuver « la concurrence libre et non faussée », en un mot le marché et l’Europe capitalistes. Et Sarkozy et Hollande ont bafoué le Non pour imposer la loi des patrons, des multinationales et des banques.
Les usuriers des peuplesLeurs hommes de main, la troïka, la Commission européenne, cadre de coopération et de décision des gouvernements, la Banque centrale européenne (BCE), et le FMI, dirigent la société avec les mêmes méthodes que la mafia de la FIFA pour servir les riches et les possédants, les 1 % contre les 99 %.Au prétexte de la lutte contre la dette des États, pour imposer aux peuples de payer la rente des intérêts aux banques, ils imposent une politique qui ruine la société. En Grèce durant les 4 dernières années, les conditions de vie se sont dramatiquement dégradées, les salaires, les retraites ont été amputés, les services publics démantelés, le chômage explose.Et aujourd’hui, ils veulent imposer au gouvernement Tsipras de renier ses propres engagements pour le plier à leurs exigences, en l’obligeant à accepter un nouveau mémorandum. Ils exercent un odieux chantage : ou plier ou l’asphyxie financière.
La dette au service de la financeCette dette n’est pas de la responsabilité des travailleurs qui auraient trop dépensé, elle est le fruit empoisonné de la politique des États qui versent aux patrons et aux banques mille et un cadeaux, sous forme de subventions. Elle est la conséquence de la politique de la BCE qui, depuis la crise financière de 2008, prête aux banques des milliards d’euros, à guichet ouvert. Dernièrement, elle a décidé d’injecter 1 140 milliards d’euros supplémentaires sur les marchés financiers, à raison de 60 milliards chaque mois jusqu’en septembre 2016.Ce sont les marchés qui vont décider de ce qui va être fait de cet argent. En revanche, la BCE refuse de prêter à la Grèce l’argent dont elle a un besoin urgent. En Grèce, en Espagne comme dans toute l’Europe, cette politique ne fait qu’alourdir la dette en entretenant la crise économique et préparer un nouveau krach financier.En France, selon la Cour des comptes, la dette de l’État a continué de croître, passant de 1 457 milliards fin 2013 à 1 528 milliards fin 2014. Soit en un an un bond de 71 milliards ! À l’opposé, les inégalités ne cessent de s’amplifier, tout comme le chômage et la précarité. Les conditions de travail et de vie régressent. Tout cela est insupportable.
Nos vies ou leurs profitsEntre la politique des usuriers du capital et les intérêts des travailleurs, du plus grand nombre, il n’y a pas de conciliation, de négociation, de dialogue social possibles. C’est vrai en Grèce, en Espagne, comme ici. Les quatre premiers mois du gouvernement Tsipras en sont une nouvelle démonstration, s’il en était besoin : les financiers ne respectent la démocratie que si elle se plie à leurs intérêts.Pour les travailleurs, la population, il n’y a pas d’autre issue que de refuser cette logique et d’imposer la leur : le respect des droits du monde du travail, l’annulation de la dette, la mise en place d’un monopole public bancaire qui mette les puissances de l’argent hors d’état de nuire.Notre solidarité avec les travailleurs et les peuples de Grèce, d’Espagne, et des autres pays d’Europe, c’est de nous battre, nous aussi, pour en finir avec l’austérité, inverser le rapport de forces, prendre l’initiative pour unir nos mobilisations par-delà les frontières.
Yvan Lemaitre