Publié le Mercredi 15 avril 2020 à 09h26.

Coronavirus : les PalestinienEs d’Israël victimes d’un racisme systémique

Israël a infligé des amendes à des imams pour avoir organisé des prières, tout en permettant aux synagogues de continuer leurs services. Les mikvahs – bains rituels – sont restés ouverts jusqu’à la fin du mois de mars et les yeshivas [écoles religieuses] ont continué à fonctionner longtemps après la fermeture.

Discrimination et surveillance

Pire encore, à la date du 2 avril, Israël avait testé seulement 4 000 citoyenEs palestiniens d’Israël, soit le nombre d’IsraélienEs juifs testés chaque jour… Les ordonnances concernant la santé et la sécurité publiques étaient à l’origine fournies en hébreu, parfois en russe et en anglais, mais jamais en arabe. Des efforts pour fournir des conseils en langue arabe ont depuis été réalisés, mais ces informations ne sont toujours pas retranscrites en temps réel.

À l’exception des hôpitaux qui existaient avant 1948, et dans les villes à population mixte, il n’y a pas d’hôpitaux dans les villes palestiniennes – en tout cas aucun capable de traiter des effectifs importants de patientEs atteints de coronavirus – et la catastrophe peut être imminente.

Et s’il est très difficile de se faire tester, se faire pister ne l’est pas. Israël tente d’utiliser les outils de surveillance du Shin Bet pour suivre les patientEs atteints de coronavirus, une mesure temporairement interrompue en raison de l’intervention du groupe de défense des droits Adalah.

Comme toujours, c’est la société civile des citoyenEs palestiniens d’Israël et leurs députés qui ont agi contre l’État, notamment en faisant pression pour une augmentation des tests dans les villes palestiniennes, en même temps que pour un financement accru pour les hôpitaux palestiniens et pour exiger la fin de la surveillance.

Toutes les vies ne se valent pas

Certains peuvent croire que le coronavirus procède à un certain nivellement, qu’il affecte aussi bien les IsraélienEs que les PalestinienEs. Mais même si le virus a le potentiel d’affecter tout le monde, son traitement n’a rien d’égalitaire.

En raison de la discrimination systémique, l’approche d’Israël a plutôt consisté à donner la priorité aux vies juives israéliennes par rapport aux vies palestiniennes. Si ce virus se répand largement dans les communautés palestiniennes, les conséquences en seront désastreuses.

En bref, l’approche d’Israël vis-à-vis du coronavirus est l’aboutissement de ses politiques historiquement racistes et coloniales.

Au lendemain de l’invasion israélienne de 2002 [en Cisjordanie], un certain nombre de choses sont devenues « normales » : les raids israéliens la nuit, les blocus israéliens sans fin, les restrictions les plus sévères aux déplacements en raison de la « sécurité », et les démolitions de maisons avec parfois de timides protestations internationales.

Ma crainte est qu’une fois cette menace de coronavirus passée, certaines mesures seront également ici normalisées : le racisme dans les soins de santé, la prise en otage des PalestinienEs et de leur système de santé, la surveillance, les démolitions de maisons et les blocus – le tout au nom de la « sécurité publique ».

Version intégrale (en anglais) sur https://electronicintifada.net/content/pandemic-lays-bare-israels-systemic-racism/29926

Traduction de Julien Salingue