Les faits qui se sont déroulés au départ sur la commune de Siscu, dans le cap Corse, ont pris une tournure d’événement dépassant le strict périmètre de la commune. Comme dans un séisme, les répliques font parfois plus de dégâts que le choc initial. Car choc il y a eu.
Du comportement imbécile et violent d’une poignée de personnes qui n’entendaient pas partager un espace public, pour l’occasion un morceau de plage (elle-même située dans une crique aux petites dimensions), tout a basculé en quelques heures, et la peur a pris le dessus. C’est cette même peur qui, à l’origine, fait que des adolescents appellent à la rescousse des parents. Les auteurs de l’agression initiale se sont montrés violents et menaçants et les conséquences de leurs actes auraient pu être encore plus dramatiques, d’abord pour leurs victimes puis pour eux.
En prenant un arrêté anti-burkini, le maire socialiste de la commune a fait monter d’un cran la psychose collective. Ses craintes ? D’abord que les plages de sa commune se transforment en lieu de prosélytisme pour des islamistes radicaux. Or il n’y a jamais eu la moindre connotation politico-religieuse dans le comportement des auteurs des premières violences. Que tout cela dégénère, avec des lynchages en toile de fond ? Soit. Mais sa mesure n’a fait qu’empirer les choses, permettant ainsi à une poignée de néo-fascistes de chauffer à blanc un public déjà très réceptif via les réseaux sociaux en s’engouffrant dans la brèche ainsi ouverte.
Parades xénophobes
Car ce sont bien ces derniers qui sont à l’origine de la manifestation, elle aux motivations ouvertement racistes, qui s’est déroulée au sein du quartier populaire de Lupinu, à Bastia. Lieu, où résident les agresseurs, mais plus largement des personnes issues de l’immigration, elles véritables cibles et suspectes de tous les maux au yeux des manifestantEs dont les slogans étaient plus qu’évocateurs : « On est chez nous ! » ou « Arabi fora ! » (« les Arabes dehors ! »). La similitude avec les événements qui se sont déroulés dans le quartier des Jardins de l’empereur à Ajaccio au mois de décembre dernier est à ce titre indiscutable. La parole xénophobe s’exonère désormais de toute précaution et prend une dimension politique dans un climat marqué par l’islamophobie et les images terribles des meurtres de masse de Paris et de Nice.
Au-delà des événements de la plage de Siscu dont il ne faut en rien minimiser la gravité, celles et ceux qui militent sous des formes variées contre le racisme et la xénophobie ne sont pas surpris. Comme ne sont pas étonnés les militantEs politiques qui, luttant depuis des années contre ce système capitaliste, dénoncent, au-delà des images des catalogues touristiques, un taux de chômage aussi record qu’endémique et l’existence de plus de 50 000 personnes vivant au dessous du seuil de pauvreté ( pour quelque 320 000 habitantEs...), femmes, jeunes, Corses et immigréEs en constituant la quasi-totalité. Tous les ingrédients sont donc réunis pour que le populisme, antichambre de la facho-sphère, gagne toujours plus de terrain...
C’est le mouvement nationaliste corse qui, dans sa diversité, est seul aujourd’hui en capacité de bloquer cette machine infernale. Encore faut-il que les courants majoritaires en son sein, rompent avec cette autonomie d’essence libérale sur laquelle ils campent aveuglément.
Pour la Manca, il n’y a pas de solutions miracles : la bataille est politique et idéologique. Seules des ruptures franches avec le capitalisme et cet État sont susceptibles de dessiner les contours d’une alternative autre que le tout-sécuritaire, l’austérité, et cet impérialisme morbide qui menace toute l’humanité.
A Manca