Publié le Vendredi 16 juillet 2021 à 15h29.

Effets d’annonce et projet impérialiste, Biden, business as usual !

La revue Alternatives économiques a affirmé en mai dernier : « Il aura fallu moins de 100 jours à Joe Biden pour complètement révolutionner le débat de politique économique mondial1 ». En fait, que reste-t-il des illusions semées par Biden en matière de politique économique ?

Depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, le débat s’est ouvert parmi les économistes et les politiques. Parmi les économistes, la discussion a été tendue. Certains, proches du courant keynésien, ont vu en Biden une rupture qualitative avec les politiques économiques précédentes, notamment celles menées depuis Carter et Reagan ; de quoi proclamer la « fin du néolibéralisme » et le retour à un État stratège et social. De nombreux autres économistes voient d’un très mauvais œil la politique de Biden, dont ils pointent les possibles effets de « surchauffe » économique avec le retour d’une inflation soutenue. Parmi les économistes faisant le plus bruyamment entendre ce point de vue, on retrouve notamment Larry Summers (ancien secrétaire au Trésor sous Clinton) et Olivier Blanchard (ancien directeur du FMI et récemment chargé par Macron de guider une commission devant préparer des réponses aux « grands défis » de l’après-crise et qui a conclu qu’il fallait augmenter l’âge de départ à la retraite).

Au niveau politique, la gauche réformiste française a multiplié les éloges. François Ruffin, qui faisait depuis plusieurs mois l’apologie de Roosevelt, dont Biden aussi se revendique2, a encensé le nouveau président US3. Fabien Roussel, lui, s’est demandé si Biden n’avait pas pris sa carte au PCF4. Jean-Luc Mélenchon admettait que Biden était un « point d’appui » pour lui et que les propositions de Biden étaient à « transposer » en France5.

Quant à l’extrême gauche, le point commun de ses prises de position est de souligner trois constats. D’abord, la politique de Biden est avant tout une politique pour l’impérialisme étatsunien dont l’objectif affiché est de réaffirmer son hégémonie économique, notamment industrielle, face à la Chine. Ensuite, Biden a déjà commencé à reculer sur ses propositions « sociales ». Enfin, même si ces dernières venaient à se réaliser, elles restent nettement insuffisantes par rapport aux besoins réels des classes populaires6.

L’administration Biden a présenté quatre propositions de loi, l’American Rescue Plan (ARP), déjà approuvé en mars 2021 ; l’American Jobs Plan (AJP), l’American Families Plan (AFP) et le Made in America Tax Plan (MATP) qui sont actuellement présentés au Congrès. L’ARP a engagé 1 900 milliards de dollars de dépenses dans l’immédiat (2021). L’AJP représentait initialement 2 300 milliards de dollars de dépenses engagées sur 8 ans et l’AFP, 1 800 milliards sur la même période. En tout, 6 000 milliards de dollars sur 8 ans, soit environ 1 % du PIB des États-Unis. Côté recettes, l’AJP et l’AFP devaient être financés par des hausses d’impôts, notamment sur les plus riches7. C’est l’objet du MATP, le fameux « virage fiscal » de Biden dont on verra qu’il tourne tellement qu’il fait un tour sur lui-même.

L’ARP, un plan en continuité avec Trump

L’American Rescue Plan (ARP) vise à soutenir l’économie US sur le court terme, pendant la période qui est envisagée comme la fin de la pandémie et le moment du « redémarrage » économique8. Passé au Congrès en mars 2021, l’ARP reprend les différentes mesures de soutien aux ménages et aux entreprises déjà mises en place en 2020 par l’administration Trump9. Nulle « révolution Biden » ici donc, mais une continuité – bien sûr rarement décrite comme telle10.

Comme dans la logique de l’administration Trump, l’idée de l’ARP est d’éviter l’augmentation du chômage et une baisse trop marquée de la consommation des ménages, de peur que cela n’engendre une multiplication des faillites d’entreprises. Parmi les principales mesures contenues dans ce plan, on trouve : un virement direct fait par le gouvernement fédéral à 160 millions de ménages étatsuniens (les « chèques Covid »), d’un montant de 1 400 dollars pour une personne seule et 2 800 dollars pour un couple11 ; l’extension des allocations chômage jusque début septembre et un versement supplémentaire de 300 dollars par semaine ainsi que l’allongement pour les ménages des délais pour rembourser leurs dettes et payer leurs impôts fédéraux. S’ajoute à ces aides directes aux ménages un volet de 525 milliards de dollars (Paycheck Protection Program) de prêts/subventions aux petites entreprises, pour éviter qu’elles licencient leurs salariés. Et enfin, 120 milliards sont consacrés à des dépenses « sanitaires » (distribution de vaccins, tests, emplois sanitaires, etc.)

L’ARP introduit cependant deux éléments nouveaux par rapport à Trump. D’une part, 350 milliards sont destinés aux États et aux collectivités locales, afin qu’ils puissent réembaucher le million de travailleurs du service public licenciés pendant la crise. D’autre part, et c’est là une différence par rapport à la situation française, l’ARP engage 170 milliards de dépenses pour les écoles (maternelle, primaire, collège, lycée) et les universités publiques pour préparer un retour en présentiel dans des conditions sanitaires améliorées (ventilations, nouveau personnel, réduction des effectifs par classe, etc.).

Tous les économistes s’accordent à dire que ces mesures ont réduit et vont réduire le nombre d’AméricainEs affectéEs par la crise économique ; de plus, si elles étaient prolongées (comme le propose l’American Families Plan), elles réduiraient la part des Américains vivant sous le seuil de pauvreté (réduction du taux de pauvreté de 40 % à 30 % pour les afro-américains et hispaniques par exemple ; de 14 % à 8 % pour l’ensemble de la population12).

Mais les effets de l’ARP sont pour l’instant temporaires et le retour de la normalité capitaliste n’annonce rien de bon pour les travailleurs des États-Unis. Surtout quand on voit comment Biden négocie l’atterrissage.

Vieilles recettes

Biden avait promis pendant sa campagne de relever le salaire minimum fédéral à 15 $ de l’heure (soit 12,61 €, sur lesquels il faut payer de sa poche la retraite, la couverture santé, etc.). Une fois au pouvoir, il n’a pas mis longtemps à revenir sur cette promesse, au terme d’une pitrerie parlementaire13, infâmante surtout pour ceux qui ont nourri et entretenu des illusions à son égard.

Et il ne manque jamais une occasion de montrer qu’il n’est pas le « président des travailleurs14 ». En mai, après l’annonce des mauvais chiffres de l’emploi du mois d’avril – seuls 250 000 emplois créés, loin du million attendu –, les Républicains se sont lancés dans une vigoureuse campagne contre les allocations chômage supplémentaires de l’ARP. Dans 22 des 27 États qu’ils gouvernent, ils ont annoncé les suspendre dès juin ou juillet. Il est vrai que celles-ci permettent à certains travailleurs de vivoter en attendant des propositions d’emploi mieux rémunérés ou bien de changer de secteur d’activité. Mais c’est bien parce que les salaires sont trop bas ! Dans la restauration, le salaire minimal horaire est de 2,13 $, la paye étant essentiellement constituée de pourboires15. Et dans d’autres branches, les patrons font état de la même « pénurie de main-d’œuvre » – il faudrait plutôt parler de « pénurie de salaires » !

Comment Biden a-t-il répondu à cette offensive républicaine ? En promettant plus… de contrôles sur les chômeurs, pour qu’ils acceptent bien les propositions d’emploi qui leur sont faites, sans quoi les allocations leur seront retirées. Pas si différent, au fond, de la guerre aux chômeurs que mènent les Républicains.

Des plans en dessous des besoins de la population

Dans le story-telling rooseveltien de Biden et de la gauche démocrate qui s’en veut l’inspiratrice, l’horizon économique « post-pandémie » est fixé notamment (mais pas exclusivement) par un plan d’investissement public. L’administration Biden vante la manière dont l’AJP permettra de « reconstruire l’Amérique », c’est-à-dire de rétablir une croissance de l’économie US, tant du point de vue de la stagnation pré-Covid (post-crise 2008) que par rapport à la période Covid. Cette croissance renouvelée sert, dans la logique de l’administration Biden, trois objectifs : « reconstituer la classe moyenne » ; rétablir l’hégémonie industrielle et technologique des États-Unis face à la Chine ; et, enfin, « faire face au changement climatique16 ». Il s’agit surtout, comme on le verra, d’un projet pour l’impérialisme américain face à la Chine.

Certaines propositions de l’AJP, si elles sont suivies d’effet, amélioreront en effet un peu le quotidien des travailleurs, comme la rénovation totale du réseau de canalisation d’eau potable (pour éliminer les nombreuses canalisations en plomb), la remise en état des réseaux d’électricité (pour éviter les coupures systématiques dans certaines zones) et la mise en sécurité de puits pétroliers et mines abandonnées qui polluent les eaux et les sols.

Mais force est de constater que les propositions d’investissements en infrastructures sont largement en dessous des besoins. Les 621 milliards de l’AJP qui y sont consacrés ne représentent en réalité qu’environ un quart des besoins réels en rénovation et mise en sécurité. L’American Society of Civil Engineers (Société américaine du génie civile), qui réalise annuellement un rapport sur l’état des infrastructures dans le pays, les estime en effet à 2 700 milliards17.

Concernant par exemple les autoroutes, d’après les constats mis en avant par l’administration Biden elle-même, 20 % du réseau nécessite une rénovation ou mise en sécurité immédiate. Mais l’AJP propose d’en renouveler seulement 10 % à 15 %18. Quant aux ponts (autre symbole du New Deal), l’AJP prévoit de mettre en sécurité 10 000 ponts parmi les plus dangereux, sur 45 000 dont les conditions sont considérées « mauvaises » (lire « dangereuses19 »). Pour les transports en commun en zone urbaine, 85 milliards de travaux sont prévus, alors que l’administration Biden estime la dépense nécessaire à 150 milliards ; même refrain pour le réseau ferré, pour lequel l’AJP ne prévoit que de « rattraper » les retards accumulés dans la maintenance (« backlog maintenance20 »). Un programme de construction de logements sociaux de quelques 40 milliards (sur huit ans) et un programme de rénovation de bâtiments publics tomberaient également sous le coup de la même critique.

Même constat pour l’American Families Plan, dont le but est de pérenniser et d’amplifier certaines mesures de soutien aux ménages introduites temporairement par les plans de relance d’urgence de Trump et de Biden. L’AFP peut être considéré comme le « volet » social présenté par l’administration Biden – et il y a donc fort à parier qu’il sera âprement combattu en tant que tel. En matière d’éducation par exemple, l’AFP propose d’engager les moyens pour une maternelle gratuite pour les 3-4 ans21, ainsi qu’une hausse significative de l’accès gratuit à l’enseignement supérieur public. En matière de prestations sociales, réductions d’impôts pour les plus modestes et extension de la couverture santé22, l’AFP se veut également ambitieux, notamment envers les familles avec enfants et les « minorités ». Ces propositions, certes justes, semblent en revanche bien peu de choses par rapport à l’insuffisance criante des protections sociales aux États-Unis.

Dissimulation parlementaire

Mais surtout, aussi insuffisants qu’ils soient, ces plans passent en ce moment à la moulinette du Congrès et en sortiront encore amoindris. La manœuvre au terme de laquelle l’administration Biden a éliminé l’augmentation du salaire minimum est une constante de sa politique. Car, en politicien rusé, Biden sait que sa majorité ne tient qu’à une voix au Sénat, où l’opposition républicaine peut brandir l’arme du filibuster, une tactique parlementaire permettant de bloquer l’examen d’un projet de loi.

Il a donc lancé des propositions tout en se défaussant sur les Républicains du blocage de ses réformes. Ce qui ne l’empêche pas, par ailleurs, de chercher le compromis avec eux. L’AJP, initialement à 2 300 milliards de dollars, a subi un premier coup de rabot fin mai – il n’était plus que de 1 700 milliards –, puis un nouveau début juin pour atteindre 928 milliards. Un compromis à 1 200 milliards a été trouvé entre quelques sénateurs Républicains et Démocrates. La droite du parti Démocrate, en la personne du sénateur de Virginie Occidentale Joe Manchin, a été à la manœuvre, en menaçant de retirer son soutien à Biden si un compromis n’était pas trouvé. Et c’est après que Manchin se fut montré hostile à un relèvement de l’impôt sur les bénéfices de 21 % à 28 % que Biden a fait marche arrière sur la question.

Cette tactique de Biden trouve justement son point d’orgue dans ses propositions fiscales, censées financer ses plans – le déficit ne devait être que temporaire. Outre le relèvement de l’impôt sur les bénéfices, Biden avait promis une augmentation à 39,7 % des taux marginaux de l’impôt sur le revenu pour les plus riches, ainsi qu’un impôt minimal mondial sur les sociétés à 21 %. Notons que les deux premières propositions sont, au mieux, un retour à l’époque pré-Trump et absolument pas une remise en cause des baisses d’impôts accordées depuis plus de 40 ans.

Mais ce qui compte, c’est que la logique de Biden était complètement réversible : les dépenses de l’AJP et de l’AFP devant être financées par des hausses d’impôts, les attaques des Républicains et de la droite Démocrate se sont concentrées sur ces dernières entraînant, par effet de levier, la baisse du volume des plans. Dans les dernières discussions sur le MATP, la hausse de l’impôt sur les bénéfices a disparu ; tandis que l’impôt minimal mondial est passé de 21 % à 15 %, soit 1 point de moins que l’imposition moyenne des GAFAM23.

Au début du mandat, les dirigeants en vue de la gauche du Parti Démocrate – Bernie Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez – savouraient leur victoire d’inspirer la nouvelle administration, participant à entretenir d’éventuelles illusions à son sujet. Mais la balance penche toujours à droite dans ce Parti Démocrate au service du grand capital américain. Et la gauche finira par voter les plans en disant : « mieux vaut ça que rien ».

Le cap stratégique impérialiste

Sur quoi tombe-t-on, alors, quand on gratte l’épaisse couche de faux-semblants entretenus par la Maison-Blanche et par tous les idolâtres de Biden ? Une politique pour l’impérialisme.

Dans l’AJP, une enveloppe comparable à celle destinée aux infrastructures – et comparable aux dépenses « sociales » de l’AFP – est consacrée à déployer une nouvelle politique industrielle et technologique pour assoir la domination internationale des États-Unis24. Non pas que celle-ci soit menacée dans l’immédiat par la Chine sur les terrains qui comptent – l’armement, la diplomatie. Mais il s’agit d’affirmer que la bourgeoisie américaine ne partagera pas sa première place et entend peser dans la répartition des autres. Biden le répète à longueur d’interventions : il faut que les États-Unis soient « numéro 1 », il faut qu’« ils gagnent le XXIe siècle » et donc qu’ils surclassent la Chine. La tournée européenne de Biden s’est ainsi faite sous le drapeau du « America is back », un slogan cher à Reagan.

Ce n’est pas par conscience écologique que l’AJP contient tout un important volet sur la voiture électrique (et d’ailleurs, quelle conscience écologique qui consisterait à mettre sur les routes des pick-up électriques du genre de ceux conduits par Biden lors de sa visite à l’usine Ford Rouge !). Ce volet prévoit des investissements sur les infrastructures (réseaux de recharge), des subventions aux entreprises, des dépenses de recherche et développement, et une commande publique importante (par exemple, par le remplacement des fameux bus scolaires jaunes par des équivalents électriques) – le tout pour un montant initialement avancé de 178 milliards sur 8 ans (soit pratiquement une somme équivalente à celle qui est prévue pour assurer la maternelle gratuite à tous les Américains). Cela répond déjà à la restructuration des capacités de production automobile dans les principales métropoles impérialistes. Mais surtout, derrière les batteries de voitures, il y a les semi-conducteurs dont l’intérêt stratégique est d’autant plus important que les pénuries récentes ont révélé les faiblesses des États-Unis en la matière25.

Démocrates et Républicains, qui s’écharpent sur les différents aspects fiscaux et budgétaires des plans Biden, tombent d’ailleurs d’accord pour un Strategic Competition Act 2021 présenté en commun au Sénat qui prévoit de renforcer les dépenses militaires dans la zone indo-pacifique. Cette politique pour l’impérialisme est maquillée, à l’intérieur, en une politique pour les « classes moyennes », à l’extérieur, en une politique pour la « démocratie » contre la Chine « autoritaire ». Les « bons emplois bien rémunérés et syndiqués » que promet Biden sont indissociables du projet de contenir la Chine. Et pour Biden, c’est une tentative de détourner ces bien mal-nommées « classes moyennes », en fait les travailleurs/ses des États-Unis, de Trump ou des options politiques plus à gauche que le centre démocrate. En matière de contrôle de l’immigration, la « révolution Biden » est aussi des plus limitées.

Dans les années 1930, Roosevelt avait été bousculé par une intense vague de grèves et d’organisation des travailleurs. Nos regards portent plutôt de ce côté-là (même si on est vraisemblablement encore loin d’un mouvement d’une telle ampleur) que du côté des faux-semblants de Biden !

  • 1. 1. https://www.alternatives… -biden/00098801
  • 2. Largement à tort, comme nous l’avons déjà discuté : https://lanticapitaliste….
  • 3. https://www.youtube.com/…
  • 4. https://www.facebook.com… 25132
  • 5. https://www.franceinter… tiques/questions-politiques-06-juin-2021
  • 6. Un point relevé également par certains économistes plus proches du pouvoir politique : voir par exemple https://www.project-synd…
  • 7. L’administration Biden table également sur « l’autofinancement » de l’AJP via un surplus de croissance et donc de recettes fiscales.
  • 8. Ce volet de soutien de la part de l’État fédéral s’accompagne de mesures mises en place par la Banque centrale des États-Unis (la Fed). Déjà en 2020, sous l’administration Trump, la Fed a eu la responsabilité d’un fonds de soutien, doté de 1 100 milliards de dollars (Economic Stabilization Fund ou Main Street Lending Program), destiné à des prêts aux moyennes et grandes entreprises. Cela tombait évidemment en complément avec la politique monétaire menée par la Fed (et qui continuera dans les prochains mois), à savoir un maintien des taux d’intérêt directeurs à de très faibles niveaux (pour faciliter l’emprunt privé) et une reprise des programmes de rachats d’actifs financiers (pour soulager les bilans des entreprises les plus endettées).
  • 9. Le premier plan Trump (« CARES Act » pour Coronavirus Aid, Relief and Economic Security Act) avait été adopté en mars 2020. Le deuxième plan Trump (Coronavirus Response and Consolidated Appropriations Act) avait été adopté en décembre 2020. Il y a eu un total de 2 200 milliards engagés entre les deux plans, avec un montant initial de 350 milliards de dollars (fourni en mars), puis un autre supplément d’urgence (525 milliards de dollars) en août, et enfin une rallonge en décembre de 1 000 milliards. Cela représentait déjà une intervention économique sur une échelle jamais vue aux ÉtatsUnis dans l’après-guerre (le plan de relance après la crise financière de 2008 était de « seulement » 800 milliards de dollars environ) ; même si, comparé aux mesures prises ailleurs dans le monde pendant la pandémie, ce niveau d’intervention semble déjà moins extraordinaire.
  • 10. Ces mesures ne sont par ailleurs pas significativement différentes, dans leur esprit, des plans de soutien à l’économie mis en place dans d’autres pays.
  • 11. On décèle ici une petite variation entre Biden et Trump : le « chèque Covid » de Trump était moins généreux (1 200 dollars) et touchait une population plus large (car il était destiné aussi à des ménages plus aisés).
  • 12. Voir par exemple les analyses préliminaires réalisées par des économistes de l’université de Columbia : https://www.povertycente…
  • 13. Celle-ci a consisté notamment à se cacher derrière l’avis défavorable d’un obscur fonctionnaire du Congrès, le Parlementarian, dont l’avis purement consultatif n’a été que rarement suivi par les administrations précédentes.
  • 14. Faisant mentir le Monde, certes pas mauvais pour faire passer les vessies pour des lanternes ! https://www.lemonde.fr/i…
  • 15. https://alencontre.org/a…
  • 16. Dans le langage de la Maison Blanche : « Like great projects of the past, the President’s plan will unify and mobilize the country to meet the great challenges of our time: the climate crisis and the ambitions of an autocratic China. » (https://www.whitehouse.g… )
  • 17. https://infrastructurere…. En effet, les incidents meurtriers (écroulements, déraillements, chaussées accidentées, etc.) se sont multipliés aux États-Unis depuis une décennie.
  • 18. https://www.whitehouse.g…
  • 19. Ibid.
  • 20. Ibid.
  • 21. Notons que l’absence de retour à l’école et donc le fait qu’une partie des travailleurs restent en dehors de l’emploi pour s’occuper de leurs enfants compte probablement pour beaucoup dans le choix de Biden de renforcer la prise en charge de la petite enfance : plus qu’un souci d’assurer un service public, la préoccupation est surtout pour libérer de la main-d’œuvre et augmenter le taux d’emploi.
  • 22. Pour le plus grand bonheur des compagnies d’assurances privées qui trouvent là une manne inespérée : en effet, l’extension de la couverture santé signifie, dans ce cas, des subventions publiques pour permettre aux plus modestes de s’assurer auprès des compagnies privées.
  • 23. Cet impôt minimal à 15 %, présenté par Biden au G7, ouvre d’ailleurs la porte à un alignement à la baisse des fiscalités dans les différents pays. Si l’Irlande devra augmenter son taux, la plupart des autres pays pourront baisser le leur !
  • 24. Il s’agit à la fois d’une enveloppe conséquente proposée pour la recherche et le développement (environ 135 milliards dans la proposition initiale), de la mise en place d’une nouvelle administration publique en charge de « monitorer » le développement des « secteurs cruciaux » (50 milliards), et des subventions directes et indirectes aux entreprises de ces secteurs (environ 300 milliards).
  • 25. Cette branche industrielle particulière est déjà certaine de bénéficier d’une enveloppe propre de 50 milliards sur 5 ans, prévue par le « CHIPS Act », législation proposée et soutenue par des Républicains et des Démocrates.