Publié le Jeudi 6 décembre 2012 à 17h05.

Égypte : Le coup de force du président islamiste

La déclaration du 22 novembre de Morsi rend inattaquable devant la justice ses décisions. Elle empêche toute dissolution de la chambre haute du Parlement et de l’Assemblée constituante. Elle donne également à Morsi le droit de prendre toute décision « au nom de menaces envers le pays, la sécurité nationale, la révolution ou l’unité nationale ».Dans la foulée, « Morsi est clairement en train de préparer une répression systématique contre le mouvement ouvrier égyptien, contre le droit de grève, contre le droit de s’organiser, ainsi que contre le pluralisme syndical » 1.Il a également décidé de faire adopter, à marche forcée, une nouvelle Constitution qui renforcerait les discriminations contre les femmes et les minorités religieuses.Face à ce coup de force, la population déferle à nouveau dans les rues. Nous reproduisons ci-après une déclaration écrite à chaud par les Socialistes révolutionnaires, un des courants de la gauche égyptienne 2."Aujourd’hui, les masques de Mohamed Morsi et des Frères musulmans sont tombés.Ils sont, avec les reliquats de l’ancien pouvoir, les deux faces d’une même pièce qui représente la tyrannie, ennemie du peuple.Nous disons à Morsi : vous et votre organisation êtes les vraies menaces contre la révolution quand vous acceptez les hommes d’affaire de Moubarak, que vous courez à perdre haleine après les prêts du FMI, que vous soutenez la religion, que vous menacez la sécurité nationale et vendez la révolution.Les mots « justice sociale » ne sont même pas dans votre dictionnaire. Vous avez oublié les salaires minimum et maximum. Vous avez augmenté les prix et laissé les pauvres manger de la boue alors qu’ils ont encore besoin de manger avant les élections.Nous n’accepterons pas un nouveau pharaon. Vous ne réussirez pas à stabiliser votre gouvernement chancelant, qui a écrasé des dizaines d’enfants avec négligence, tué et blessé des centaines de jeunes gens avec des balles et des gaz lacrymogènes, et détenu des centaines de personnes après avoir été battus et torturés par les chiens du ministère de l’Intérieur.Mais nous n’accepterons pas que des reliquats de l’ancien régime reviennent sur la scène révolutionnaire au prétexte que « nous sommes tous contre les Frères musulmans ». Nous ne travaillerons avec personne qui a été main dans la main avec le dictateur déchu parce que ces gens ont participé pendant des années au pillage et tué les meilleurs fils et filles du peuple. Nous appelons nos camarades dans la marche révolutionnaire à se retirer de ce jeu qui mélange les cartes.Les Socialistes révolutionnaires appellent tous les révolutionnaires à la sauvegarde de la révolution qui a été volée par une alliance entre les Frères musulmans et les reliquats du régime de Moubarak. Nous appelons les gens à sortir dans la rue avec comme slogans : pain, liberté, justice sociale.Nous revendiquons :— l’annulation des déclarations,— la formation d’une nouvelle Assemblée constituante,— la démission du gouvernement et la formation d’un gouvernement de coalition révolutionnaire,— des pas sérieux vers la justice sociale : un salaire minimum de 1 500 livres égyptiennes par mois, un salaire maximum, saisir les biens des compagnies corrompues et des hommes d’affaire de Moubarak, instaurer des impôts progressifs sur le revenu, renationaliser les compagnies qui ont été vendues par des accords corrompus et annuler le programme de privatisation ».1. Déclaration de Fatma Ramadan, une des principales dirigeante de la centrale syndicale indépendante (EFITU), et membre de «Renouveau socialiste» http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article270822. http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article27090