Publié le Lundi 20 juin 2016 à 20h48.

Élections municipales en Italie : une rude défaite pour le parti de gouvernement

Le second tour des élections municipales du 19 juin a constitué une rude défaite pour le parti du gouvernement, le PD, et son chef Renzi. Le mouvement 5 étoiles (M5S) a gagné deux villes fondamentales du pays, Rome, la capitale, et Turin, la plus grande cité industrielle du pays. 

La candidate du M5S à Rome, Virginia Raggi, obtient une victoire écrasante, recueillant 300 000 voix de plus qu’au premier tour, capitalisant sur elle toute l’opposition au candidat du PD Giachetti et à son parrain Renzi, et réalisant des scores très élevés dans les quartiers les plus populaires.

À Turin, malgré l’appui de tous les pouvoirs forts de la ville (de la Fiat à la Banca Intesa San Paolo) au candidat du PD et maire sortant Piero Fassino, Chiara Appendino du M5S polarise l’énorme mal-être social de la ville aux très forts taux de chômage chez les travailleurs et de larges secteurs de la petite bourgeoisie appauvrie, en arrivant quasiment à doubler les voix et donc à un succès très net dans les banlieues populaires.

Les bons résultats des candidats PD à Bologne et Milan ne parviennent pas à atténuer la défaite globale, parce qu’ils ne font que reconfirmer les voix du premier tour et qu’ils sont obtenus face à une droite à son tour en difficulté. De plus, dans beaucoup de villes de tailles moyennes, ce sont des coalitions de centre-droit ou le M5S qui ont gagné quand il y avait ballottage.

 

Naples, l'exception anti-austérité

Le succès du M5S s'appuie sur un fort soutien aux thèmes de l’honnêteté, contre la classe politique, mais aussi en avançant de temps à autre des objectifs soit plus sociaux, de « gauche », soit plus ambigus, soit de droite afin de couvrir un large spectre politique. Cette démarche correspond à sa nature interclassiste.

Sa victoire se combine aussi avec les lourds échecs au premier tour des élections des forces de la gauche qui paient ainsi le prix de leurs choix dans un passé récent et qui remettent en question leurs programmes. Le cas de Naples constitue un cas particulier : la grande victoire de De Magistris, maire sortant, sur le candidat de la droite, avec un PD exclu du second tour, est l’expression d’une coalition nettement à gauche et représente une défaite des camps politiques qui se sont succédés au gouvernement ces 25 dernières années. Cette coalition et ce maire s'appuient sur une opposition radicale aux politiques d’austérité, sur des liens forts avec les mouvements sociaux et les luttes, et sur une unité dans le respect des diversités. De Magistris a souligné que sa victoire avait été obtenue contre le PD, contre la droite et contre le M5S.

Enfin, ces élections montrent aux classes dominantes la fragilité d’un cadre institutionnel conçu pour gérer le bipartisme de l’austérité (entre centre-gauche et centre-droit), cadre désormais en crise et qui, loin d’empêcher les surprises et les incidents politiques, pourrait les faciliter. La loi électorale de l’Italicum, pourtant tellement vantée, pourrait revenir en boomerang contre la stabilité institutionnelle, et le référendum sur la contre-réforme institutionnelle anti-démocratique, que Renzi espérait facilement gagner cet automne, devient un peu plus difficile pour le Premier ministre...

De Rome, Franco Turigliatto

Traduction Agatha