Le mouvement des IndignéEs américainEs, parti de Wall Street à New York, prend de plus en plus d’ampleur aux États-Unis. La répression policière, loin de décourager les manifestantEs, contribue à amplifier le mouvement et à le rendre plus populaire. Thomas, éducateur investi dans le mouvement « Occupy Wall Street » depuis le début, a répondu à nos questions. Peux-tu te présenter ? Quelle est ta place dans le mouvement et comment y es-tu entré ?Je travaille comme éducateur dans un collectif qui emploie des méthodes pédagogiques démocratiques pour la justice sociale et pour la construction de groupes militants. Je suis dans le mouvement depuis le début, j’ai participé à des réunions d’organisation et je suis dans le militantisme étudiant depuis plusieurs années. J’ai déjà participé à ce type d’occupation. Beaucoup de ceux avec qui j’ai milité se sont engagés dans cette occupation dès le début. Au départ, j’essayais simplement de comprendre de quoi il s’agissait, de savoir si c’était quelque chose qui pouvait devenir un vrai mouvement. J’étais très sceptique au début. Je pense que les événements dramatiques des premières semaines, la répression et la manifestation de masse qui a suivi... les flics nous ont vraiment aidés à construire le mouvement ! Cela m’a donné encore plus envie de me battre, et cela a permis aussi de voir le potentiel qui existait pour construire un vrai mouvement. Que penses-tu des perspectives du mouvement après l’évacuation du square Zucotti ?Tout d’abord, nous avons perdu une bataille très importante, mais en réalité le mouvement va bien au-delà de ce square, et c’est le cas depuis longtemps. Cela n’a pas affecté le mouvement qui est plus large. Nous avons besoin d’un endroit symbolique où les gens peuvent se réunir, l’idée de l’occupation est de reprendre le contrôle de l’espace public, donc c’est essentiel. En même temps, l’important est de passer de l’action symbolique à l’action réelle, et c’est une opportunité de ce point de vue. Il faut prendre toutes les merveilleuses idées alternatives que les gens sont en train de créer, comme des écoles démocratiques, ou une façon égalitaire de faire du travail social, ou des logements pour les gens qui en ont vraiment besoin... Il faut faire cela de façon radicale tout en le connectant à un mouvement créatif. Je pense qu’il est important de créer une alternative tout en luttant pour protéger un espace où la créer. L’alternative doit devenir réelle, et pas seulement symbolique. Quel message à livrer aux autres IndignéEs, européens, français ?C’est une inspiration incroyable pour nous. Les projecteurs sont sur New York, mais l’important c’est tout le travail d’organisation qui se fait partout, dans les petites villes, dans tout le pays et dans le monde entier. Nous avons été énormément inspirés par... vous ! Par les gens qui se sont soulevés en Europe, au Moyen-Orient et qui continuent de se battre non seulement à des moments politiques importants, mais aussi comme partie d’un mouvement mondial.
Propos recueillis par Olivier Besancenot (traduction : Sylvestre Jaffard)