Publié le Lundi 23 mai 2011 à 08h19.

Farah : lier la lutte contre l’impérialisme international à la lutte contre la bourgeoisie locale.

 

Farah Ibrahim est membre de l’Union des Jeunes Démocrates Libanais. Invitée lors des premières rencontres anticapitalistes méditerranéennes à Marseille les 7 et 8 mai 2011, elle a répondu à nos questions.

Peux-tu présenter ton organisation politique ?

C’est une association de jeunesse de gauche et laïque au Liban. L’organisation travaille avec les jeunes libanais pour améliorer leur participation à la vie politique , améliorer leur conscience politique et essayer de faire changer le système politique en vue d’établir un état laïque et de justice sociale.

Quelles campagnes avez-vous menées ces derniers temps ?

L’UJDL travaille sur plusieurs campagnes : cela fait 10 ans que nous luttons pour diminuer l’âge légal du droit de vote à 18 ans, on a réussi l’an dernier à imposer cette loi avec beaucoup d’autres associations de jeunes. Depuis longtemps aussi nous sommes membres de la résistance libanaise, on a participé à la résistance contre l’invasion israélienne en 1982, nous avons aussi soutenu les immigrés en 2006 suite à l’invasion israélienne, on les a aidés à trouver un logement, plusieurs personnes ont dû quitter leurs régions à l’époque. On mène aussi d’autres campagnes, par exemple, on se bat pour pouvoir enlever le titre de la religion sur la carte d’identité parce que l’on pense que préciser la religion sur les papiers ne sert qu’à diviser les gens et ne permet pas de faire du libanais un simple citoyen. A présent on fait partie du noyau du mouvement qui se bat pour la chute du régime confessionnel au Liban. Ca fait plus de deux mois qu’on organise des manifestations, des débats, dans les quartiers, dans les rues, pour gagner sur cette question.

Comment vivez-vous les révolutions arabes ?

Nous sommes très influencés par toutes les vagues de révolutions qui se font dans le monde arabe. Tous les pays arabes sont bien reliés d’un point de vue politique et chaque changement dans un pays influence les autres pays. On soutient toutes les révolutions arabes, parce que l’on pense que c’est leur droit d’améliorer leur état de vie, de lutter contre leurs dictatures qui ne sont que des alliances avec les impérialismes internationaux, qui volent les richesses du pays alors que toute le peuple vit dans la misère. Au Liban, les gens ont été éblouis par ces révolutions, ils auraient aimé les transposer ici. Des jeunes, motivés ont lancé un processus pour faire chuter le régime confessionnel au Liban. Chez nous c’est un peu particulier, il y a une alliance entre la bourgeoisie libanaise et un système confessionnel. C’est pour cela que sur les slogans des révolutions arabes nous avons rajouté : « Le peuple veut la chute du régime confessionnel ». Nous avons participé à plusieurs manifestations de soutien à ces révolutions, la dernière c’était le premier mai. On espère motiver le plus grand nombre de personnes à participer à ce mouvement. On pense qu’au Liban, il faut lutter contre la classe dirigeante qui vole les richesses du pays, qui affaiblit le secteur public et améliore le secteur privé. Chez nous la classe dirigeante bourgeoise libanaise divise les gens et les classe par leur religion. Les bourgeois profitent de ce régime confessionnel pour pouvoir monter les gens les uns contre les autres. Pourtant, tout le peuple vit dans la misère, la pauvreté, les jeunes vivent dans le chômage….On est dans une situation similaire à celle des peuples arabes, sauf que chez nous le peuple n’est pas uni, il est divisé par des causes crées par la classe bourgeoise. Notre travail c’est de réunir les gens sur des projets et des droits communs. La lutte des communistes libanais est double : d’un côté la lutte nationale contre l’impérialisme et ses outils dans la région que sont Israël et son gouvernement, d’un autre côté la lutte sociale, de classe contre la bourgeoisie libanaise, pour le partage des richesses, le droit aux services publics, aux prestations sociales. On ne peut pas séparer ces deux choses, on ne peut pas faire la lutte des classes sans faire la lutte contre l’impérialisme, on pense que tout est lié et que c’est ce programme que doivent porter les communistes au Liban.

Qu’as-tu pensé de ces premières rencontres anticapitalistes méditerranéennes ?

J’étais contente de pouvoir rencontrer plus personnellement des personnes qui ont été impliquées directement dans les révolutions arabes, j’ai pu mieux comprendre ce qui s’était passé sur le terrain. J’avais déjà beaucoup d’espoir et là j’en ai encore plus, on est vraiment dans un processus révolutionnaire sur tous les niveaux : politique, économique, social et culturel. Cependant il faut lutter contre les contre-révolutions. Je suis très contente d’être ici, parce qu’il ne faut pas laisser ce processus se faire voler par les puissances impérialistes. On sent quand même que le soutien commence à s’établir, et c’est très bien de continuer.