Publié le Mercredi 10 février 2021 à 08h54.

Fureur gouvernementale en Israël contre la Cour pénale internationale

La décision de la Cour pénale internationale (CPI) confirmant vendredi [5 février] sa compétence pour les crimes de guerre commis dans le territoire palestinien occupé (TPO) a fait des vagues en Israël, en Palestine et dans le monde ces derniers jours, les dirigeants israéliens travaillant sans relâche pour discréditer la Cour et rejeter la décision.

L’annonce de vendredi [5 février] fait suite à une demande du Bureau du Procureur de la CPI, datée de janvier 2020, visant à confirmer la portée du mandat de la Cour en Palestine, et à confirmer la compétence territoriale de la Cour « aux territoires occupés par Israël depuis 1967, à savoir Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est ».

« De l’antisémitisme pur »

La Cour mène depuis 2014 des enquêtes préliminaires sur les crimes de guerre potentiels commis par Israël dans les territoires palestiniens occupés et, en décembre 2019, le procureur en chef de la CPI, Fatou Bensouda, a conclu qu’il y avait une base pour enquêter sur Israël, et les autorités palestiniennes, pour des actions criminelles en Cisjordanie et à Gaza.

À l’époque, Bensouda a déclaré qu’« il y a des raisons de croire que des crimes de guerre ont été commis », désignant l’offensive israélienne de 2014 à Gaza, la construction de colonies en Cisjordanie, et les manifestants palestiniens abattus à la frontière de Gaza lors des manifestations de la Grande Marche du retour de 2018.

La juridiction de la cour englobera également les crimes potentiels commis par les factions ­palestiniennes armées à Gaza. […]

Alors qu’il pourrait s’écouler des années avant que les dirigeants israéliens ou les responsables militaires et sécuritaires (passés et présents) ne soient inculpés et jugés pour leurs crimes devant la cour, les responsables israéliens ont fait preuve d’un mépris total vis-à-vis de la décision de la Cour.

Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a réitéré ses précédentes critiques à l’égard de la Cour et de la poursuite des enquêtes sur les crimes de guerre israéliens, condamnant la décision de vendredi comme étant « de l’antisémitisme pur ».

Dans une vidéo diffusée ce week-end, Nétanyahou a qualifié les crimes israéliens en question de « faux crimes de guerre » et a accusé la Cour de cibler spécifiquement Israël. Nétanyahou a promis aux Israéliens qu’en tant que Premier ministre, il « combattrait de toutes ses forces cette perversion de la justice », tout en secouant son poing devant la caméra.

Inquiétudes au sommet

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gabi Ashkenazi, a déclaré que cette décision « fausse le droit international et transforme cette institution en un outil politique de propagande anti-Israël ». […]

Le cabinet a fait valoir que la CPI n’a « aucune autorité » pour déclarer sa juridiction territoriale dans les territoires palestiniens occupés, en raison du fait qu’Israël n’est pas un État membre et que la Palestine n’est pas internationalement reconnue comme un État souverain, a rapporté Haaretz.

Malgré le refus de reconnaître l’autorité de la Cour, les responsables israéliens semblent encore assez troublés par la décision de vendredi, Haaretz signalant dimanche que « des centaines de hauts responsables de la sécurité israélienne, passés et présents, devraient être convoqués pour des ­briefings, de crainte qu’ils soient arrêtés à l’étranger ».

Haaretz ajoute que certaines personnes, dont les noms figurent sur une liste confidentielle de fonctionnaires potentiellement recherchés pour crimes de guerre par la Cour, pourraient éventuellement se voir demander par les responsables de la sécurité de s’abstenir de se rendre à l’étranger pour éviter d’être arrêtés ou jugés.

Traduction J.S.

Version intégrale (en anglais) sur https://mondoweiss.net/2021/02/israeli-officials-working-in-overdrive-to-thwart-icc-probe-into-possible-war-crimes/