Ce vendredi 24 octobre, Georges Ibrahim Abdallah aura terminé sa trentième année de détention dans les geôles de l’État français. Il est le plus ancien prisonnier politique européen, et dépasse le triste record détenu par Nelson Mandela libéré au bout de 28 ans de détention, à l’issue d’une campagne de solidarité internationale de grande envergure, contre le régime d’apartheid et pour la libération des prisonniers politiques de l’ANC...
Mais la similitude entre les deux hommes ne se limite pas aux longues années de prison qu’ils ont accomplies. L’un comme l’autre sont des militants communistes, des prisonniers indestructibles, pour qui le moindre renoncement à leurs convictions politiques n’était pas envisageable.Un acharnement politico-judiciaire permanentLibérable depuis 1999, Georges Abdallah s’est vu, dans son long parcours judiciaire, notifier par deux fois un avis favorable à sa demande de libération. Mais chacune de ces décisions s’est heurtée à une attitude constante de l’État français : le maintien en prison. Qu’elles soient de droite ou prétendument de gauche, les autorités judiciaires représentées par le parquet (c’est-à-dire le représentant du pouvoir en place) ont fait appel de la décision, allongeant jusqu’à l’indéfinissable une peine dont la durée ne peut s’expliquer que par l’acharnement. Le 21 novembre 2012, alors que toutes les conditions étaient requises pour sa libération, entre autres celle des autorités libanaises pour son retour au pays, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, refusait de signer l’arrêté d’expulsion qui aurait permis à Georges de retrouver les siens. La répression des manifestations de solidarité avec le peuple palestinien cet été nous donne une explication de cet acharnement : la défense inconditionnelle d’Israël et de ses dirigeants, et la soumission à l’administration étatsunienne (53 sénateurs américains avaient envoyé des lettres à François Hollande pour lui demander d’intervenir afin d’empêcher à tout prix la libération de Georges).
Tous à Lannemezan !Au cours des quatre dernières années, de nombreux comités de soutien à Georges se sont formés en France et dans le monde, des maires l’ont même fait citoyen d’honneur dans plusieurs villes, et les communiqués de soutien et lettres aux autorités fleurissent. Mais cela reste en deça du rapport de forces qui reste à instaurer pour faire libérer notre camarade. Si les organisations de gauche semblent plus réceptives qu’auparavant sur ce sujet éminemment clivant, elles tardent encore à assumer leurs responsabilités. Combien de temps encore allons-nous tolérer qu’un militant de la cause palestinien reste détenu dans les geôles française ?L’année dernière, la manifestation, qui s’était terminée devant la prison, avait réuni près de 400 personnes. Les slogans étaient repris derrière les hauts murs par des codétenus solidaires de Georges. Un moment impressionnant. Il nous faut faire mieux cette année. Déjà, des transports collectifs et des co-voiturages sont organisés (Toulouse, Bordeaux, Marseille, Paris, Bayonne...). Le NPA sera présent comme chaque année à ce rassemblement, dont nous espérons qu’il sera le dernier.30 ans de prison, 30 ans de résistance. Libérons Georges Abdallah !
Alain Pojolat