Publié le Mercredi 31 août 2022 à 13h00.

Grande-Bretagne : succès de la grève chez Royal Mail

Un vent de révolte souffle sur la Grande-Bretagne, avec la multiplication des mobilisations et des grèves sur les salaires. Exemple avec la grève du courrier chez Royal Mail.

Les postiers ont fermé la quasi-totalité de Royal Mail vendredi, dans le cadre de leur première grève nationale depuis 12 ans. Cette grève intervient après que les patrons ont imposé une maigre augmentation de 2 % seulement – une importante réduction de salaire en termes réels – à tous leurs employés, tout en engrangeant des bénéfices et en s’octroyant de gros bonus.

Les travailleurs, membres du syndicat CWU, ont répondu par une grève solide et une forte participation aux piquets de grève.

400 millions de dividendes

L’un des piquets les plus importants a été tenu au bureau de livraison de Whitechapel, dans l’est de Londres, l’un des « hubs » où les patrons tentent de mener une opération de sabotage de la grève.

« Les gens sont dehors aujourd’hui parce que l’augmentation salariale imposée de 2 % est totalement inacceptable », explique Vinnie Micallef, secrétaire de la branche East London Postal. « Les patrons se sont octroyé des salaires et des primes en or, et les actionnaires ont reçu plus de 400 millions de livres sterling [470 millions d’euros] en dividendes, puis ils imposent une augmentation de salaire de 2 % à la main-d’œuvre. »

« Les cadres se sont vu offrir une prime de 1 000 livres [1 170 euros] s’ils ne tombent pas malades d’ici au 31 octobre », ajoute un autre gréviste de Whitechapel. « Ce que ça veut dire, c’est que s’ils franchissent les piquets de grève et travaillent pendant cette grève, ils reçoivent une prime de 1 000 livres. »

La grève à Royal Mail a été longue à venir. Pendant des années, les grands patrons ont essayé de faire passer des attaques contre les travailleurs dans le cadre d’un plan visant à transformer Royal Mail en une société de colis similaire à d’autres sociétés de messagerie privées.

Le directeur général Simon Thompson voulait lier une augmentation un peu plus importante, de l’ordre de 5 % – qui reste une baisse de salaire – à des modifications des conditions de travail.

Échec du sabotage patronal

Eddy, le représentant du CWU au bureau de livraison de Bethnal Green, dans l’est de Londres, explique : « Pour nous, une augmentation de salaire de 2 % représente 11 livres [13 euros] par semaine. Mais si l’on ajoute les impôts et l’assurance nationale, cela revient à 3 livres [3,50 euros] par semaine. Et ils appellent cela une augmentation de salaire. Pour toute autre augmentation, ils veulent que nous négociions nos conditions de travail. […] Les choses sont arrivées à un point critique et nous n’avons pas d’autre choix que de faire la grève. Il n’y a rien d’autre que nous puissions faire – c’est notre pouvoir et nous allons l’utiliser. »

Les grévistes savent qu’ils ont frappé fort. L’opération de sabotage des patrons – un service squelettique géré par des managers depuis quelques « hubs »  semble avoir échoué. « Nous savons qu’ils essaient de faire des livraisons spéciales à partir de Whitechapel, mais il semble qu’ils se soient trompés dans la distribution et que le courrier soit toujours en bas, ici. Les managers semblent avoir l’impression qu’ils peuvent faire le travail sans nous. Mais le fait est que nous savons ce que nous faisons. Si ça avait été nous, nous aurions fait en sorte que le courrier soit sur le fourgon et aille là où il était censé aller. Ils ne sont même pas capables de gérer ça. »

Un mouvement en extension

L’effet d’entraînement de la grève se traduira par des jours de perturbations à venir, avec une autre grève prévue pour mercredi prochain [31 août], et deux autres jours les 8 et 9 septembre.

Le mouvement est d’autant plus puissant que les travailleurs de Post Office, également membres du CWU, se sont également mis en grève pour des raisons salariales vendredi, et qu’ils sont prêts à faire à nouveau grève samedi et mardi.

Les travailleurs de Royal Mail seront également rejoints dans leur grève mercredi prochain par les membres du CWU travaillant pour British Telecom, investis dans une lutte salariale similaire. Cela signifie que, mercredi prochain [31 août], plus de 150 000 personnes sont prêtes à faire grève ensemble pour les salaires. Ensemble, elles prennent une poids particulièrement important dans le cadre d’une révolte croissante sur les salaires dans tous les syndicats et toutes les entreprises.

Traduction J.S.

Article publié sur socialistworker.co.uk