Publié le Mercredi 26 septembre 2018 à 11h38.

Grèce : fin des mémorandums , c’est vrai ce mensonge ?

Tsipras a proclamé le 21 août la fin des mémorandums. S’il s’est attiré les félicitations de dirigeants de la bourgeoisie européenne, dont le commissaire Moscovici, les réactions populaire en Grèce oscillent entre doute et colère. 

La réalité du pays est en effet celle d’une asphyxie permanente. Certes, le chômage est en baisse, mais il reste terrible, 19,1 % (contre 21,3 % il y a un an), dont 39 % pour les 15-24 ans. Les richesses nationales continuent à être bradées (aéroports, transports…). Et le bilan de Syriza est illustré aussi par la catastrophe de Mati, ville côtière proche d’Athènes : l’incendie de fin juillet (98 mortEs) a montré que sur des points cruciaux (urbanisme sauvage, maîtrise de l’espace forestier, moyens humains et matériels, gestion des services publics décisifs pour des interventions d’urgence), Syriza, qui se prétendait gauche de progrès et écologique, n’a rien changé par rapport à la droite et au Pasok. Le tout dans un contexte où le pays est engagé dans un processus d’endettement et de remboursements qui le met sous contrôle de la troïka pour des dizaines d’années !

Tspiras, bon gestionnaire de la troïka

Dans ce cadre, l’objectif de Tsipras est de montrer qu’à la différence du Pasok et surtout de la droite, Syriza constitue le gouvernement sage : certes, il a été impossible de vaincre la troïka (faute d’avoir voulu l’affronter !), mais grâce à une bonne gestion des négociations avec les instances, et grâce aux sacrifices des travailleurEs, non seulement il n’y aura pas de nouveau mémorandum, mais il sera possible d’obtenir quelques avancées ! Tsipras a ainsi annoncé, lors de la foire de Thessalonique, quelques mesures permises par des améliorations budgétaires : entre autres, baisse de la TVA (à 22 et 12 %), réduction de la taxe foncière ENFIA jusqu’à 50 %, aide au logement pour 300 000 familles, mais aussi réduction de 4 % de l’imposition des entreprises, petites ou grandes, et aussi « lancement d’une procédure en vue de l’augmentation du salaire minimum » (sic) qui vient d’être votée par l’assemblée… On le voit, un mélange de quelques mesures sociales et de cadeaux aux grands patrons, et on se demande ce qui sera retenu si le budget ou la troïka ne permettent pas leur concrétisation totale !

« Alliance des progressistes »

Le projet de Syriza s’affirme clairement avec la composition du nouveau gouvernement, où entrent désormais des responsables du Pasok qui n’en ont pas claqué la porte, comme ce fut le cas de ministres ou députéEs antérieurs : face à une droite à la Wauquiez, voire comme on le dit ici « pinochétiste » en matière économique, l’objectif est de tenter de construire une « alliance des progressistes », réformistes respectueux de la troïka, en vue des élections de 2019. 

Le mouvement ouvrier est partagé : une partie, découragée, espère surtout que Tsipras pourra obtenir de la troïka la non-application de la nouvelle et grave baisse des retraites voulue par les instances. Mais pour de très nombreux travailleurEs, ce ne sont que des miettes, et les mémorandums continuent. Il serait donc possible de concrétiser une logique qui rompe radicalement avec le cadre qui se met en place, et la responsabilité de la gauche anticapitaliste est grande pour assurer le succès de mobilisations, qui heureusement existent et doivent grossir dans la période, à l’image des manifestations lors de la foire de Thessalonique et des grosses mobilisations antifascistes pour les 5 ans de l’assassinat du rappeur Pavlos Fyssas par Chryssi Avgi (Aube dorée). 

À Athènes, A. Sartzekis