Publié le Samedi 1 mai 2010 à 00h00.

Grèce : non aux plans de l’UE et du FMI !

Les coups terribles portés contre les conditions de vie du peuple grec sont mis en scène, afin de les faire accepter comme une fatalité.Les institutions grecques et l’Union européenne (UE) font tout pour exclure la possibilité d’une protestation radicale face à leurs attaques contre la population. De leur côté, les journaux étrangers n’en finissent pas de radoter sur « les Grecs » qui « truquent les chiffres » et « vivent au-dessus de leurs moyens », ou sur la « tragédie grecque » à l’œuvre, avec l’impossibilité d’échapper aux spéculateurs. Quant au Premier ministre Georges Papandréou (Pasok), il a choisi le joli port d’une petite île pour demander l’activation du programme de prêts de l’UE (30 milliards d’euros), et du FMI (entre 10 et 15 milliards), en s’appuyant sur des références littéraires comme l’Odyssée. De telles mises en scène semblent fonctionner : le gouvernement socialiste, malgré la trahison totale de ses promesses électorales, devance la droite de 8,5 % dans les sondages. Mais elles offrent aussi des contradictions qu’on ne se privera pas de mettre en avant : qui sont les terribles Cyclopes que combat Ulysse, les magiciennes qui transforment les marins en pourceaux (en « PIGS » : Portugal, Irlande, Grèce, Espagne !), sinon les représentants des gouvernements et des patrons qui, en s’attaquant au petit Ulysse grec, veulent surtout engager une totale remise en cause de tous les acquis du mouvement ouvrier en Europe ? Inutile donc de s’appesantir sur les dangers du célèbre chant des sirènes : « Ouvrez les yeux, fermez la télé ! » est dans la période plus vrai que jamais, en Grèce comme ailleurs. N’a-t-on pas ainsi entendu le présentateur des infos sur France 2 indiquer que la manifestation du vendredi 23 avril, appelée par les syndicats de base et la gauche antilibérale et anticapitaliste pour protester contre les diktats de l’UE et du FMI, était une initiative de « l’ultra-gauche », sous-entendu violente et minoritaire ? En revanche, ce qui n’est pas souligné aux infos, mais qui est ressenti sur le terrain par la population, c’est la bonne idée des émissaires du FMI de  fouler le sol grec à la date anniversaire du début du régime de la junte militaire soutenue par les USA (du 21 avril 1967 à l’été 1974). Un tel symbole parle beaucoup plus que toutes les mises en scène évoquées et ne peut que renforcer la colère populaire face aux nouvelles menaces. Les mesures accablantes déjà prises en février et mars ne suffisent pas à l’UE et au très socialiste président du FMI Dominique Strauss-Kahn, qui explique qu’il faut étendre au privé les coupes appliquées au secteur public et qu’il faut aller plus loin (salaires, droit du travail) avec une cure de déflation pour que la Grèce devienne concurrentielle ! Tout est donc fait pour que les travailleurs se résignent devant l’ampleur de la riposte à construire, et la riposte syndicale (les syndicats sont dirigés par le courant Pasok) n’est pas à la hauteur, malgré la pression exercée par les syndicats de base. La crainte des bureaucrates est alignée sur celle des bourgeois : la colère ouvrière, telle qu’on l’a vue le 22 avril (grève du secteur public) et le 23, pourrait devenir explosive. Après un 1er Mai qui pourrait être très très combatif mais s’annonce divisé, et avec la perspective d’une grève générale le 5 mai, comment élargir et unifier les mobilisations, très nombreuses chaque jour mais partielles (actuellement : grève des marins, des transports en commun…) ? Un début de réponse est la constitution, encore trop faible, de comités unitaires contre les mesures scélérates.

Andreas Sartzekis