Après Manuel Valls en octobre dernier, c’est donc François Hollande qui a « rendu visite » au dictateur mégalomane égyptien Abdel-Fattah al-Sissi. Une visite qui, à en croire la presse, aurait été marquée par « l’omniprésence de la question des droits de l’homme ». On ne sait si l’on doit rire ou pleurer devant de telles absurdités. Car ce qui ressort de la visite de Hollande, qui était accompagné d’une trentaine de chefs d’entreprise français (sans doute pour parler des droits de l’homme), c’est avant tout la signature de nouveaux contrats avec le régime dictatorial de Sissi.
Après les 24 Rafale et les deux frégates vendues à l’Égypte l’année dernière, ce sont donc de nouveaux marchés juteux qui ont été obtenus par Hollande, qui a lui-même expliqué que « ce qui est en jeu, ce sont les échanges, la croissance, le commerce, l’investissement, mais aussi la stabilité, la sécurité, le développement ». Voilà qui ne peut que ravir le régime de Sissi, qui n’en demandait pas tant, alors que depuis le sanglant coup d’État de juillet 2013, les rapports d’associations et d’ONG égyptiennes et internationales n’ont eu de cesse de dénoncer les pratiques autoritaires du maréchal devenu président.Nicolas Krameyer d’Amnesty international a rappelé à l’occasion de la visite de Hollande que « la répression en Égypte n’a jamais atteint les sommets actuels au cours des soixante dernières années [et qu’]elle peut être comparée à celle des anciennes dictatures militaires latino-américaines ». Depuis un an, on estime que ce sont environ une centaine de personnes qui « disparaissent » chaque mois, tandis que des dizaines de milliers d’opposants (réels ou supposés) ont été arrêtés depuis juillet 2013 et que la « justice » égyptienne, pour la seule année 2015, a prononcé 538 condamnations à mort lors de parodies de procès.
Alors que la réprobation internationale contre le régime Sissi s’étend (l’Italie vient même de rappeler son ambassadeur au Caire), la France renforce son « partenariat économique et stratégique » avec le bourreau du peuple égyptien. Une ligne supplémentaire au lamentable CV de Hollande et de son gouvernement qui, non contents de mener une politique antisociale et répressive en France, se font les complices des assassins des soulèvements démocratiques de 2011 pour les seuls intérêts du capitalisme français.
Julien Salingue