Publié le Vendredi 24 décembre 2010 à 12h33.

Hongrie, la marche de Jobbik

En Europe centrale, les partis d'extrême droite ne prennent même pas la peine de cacher leur penchant fasciste, raciste, négationniste, homophobe, etc., combiné avec l'antisémitisme, la violence envers les populations Roms et l'exigence de renvoyer « chez eux » les étrangers. Certains partis ne craignent pas de former des milices de rue et de faire le salut nazi en public — choses que les partis du type du British National Party évitent de faire depuis longtemps.

L'ascension du party Jobbik, qui a gagné trois sièges en Hongrie, en est clairement l'exemple le plus effrayant. Et des partis avec des plateformes anti-Roms similaires ont gagné trois sièges en Roumanie et en Bulgarie et un parlementaire européen en Slovaquie.

Jobbik Magyarországért Mozgalom (le Mouvement pour une meilleure Hongrie) a gagné trois sièges avec 14,8 % des votes. Le parti d'extrême droite est arrivé troisième en Hongrie, non loin derrière le Parti Socialiste de centre-droite au pouvoir qui forme actuellement un gouvernement minoritaire.

Jobbik est une organisation effrayante. Sa campagne s'est centrée presque entièrement sur des attaques contre la population Roms sur la prétendue « criminalité gitane » et ils proclament que « la Hongrie appartient aux Hongrois ».

Contrairement aux partis populistes d'extrême droite plus modérés qui ont progressé ailleurs en Europe, Jobbik est un parti clairement néo-nazi. Son dirigeant, Gábor Vona, est aussi le dirigeant d'une milice appelée la Magyar Gárda (la Garde hongroise) qui est ouvertement la branche armée de Jobbik. Elle marche dans les rues en portant des uniformes noirs avec les symboles du gouvernement pro-nazi de l'époque de la Seconde Guerre mondiale (Jobbik dit que c'est seulement un « habit traditionnel hongrois »).

La milice a récemment été déclarée illégale mais elle organise encore ouvertement des marches anti-Roms et négationnistes. Cinq Roms ont été tués ces derniers mois. (Jobbik prétend que les meurtres ont été commis par « d'autres gitans ».) Des groupes gays, féministes et socialistes ont aussi été attaqués.

Jobbik et la Garde hongroise font des entrées dans la police où ils pensent pouvoir recruter. En avril, ils ont pris le contrôle du Syndicat indépendant de la police — un syndicat représentant 5000 membres ou 10 % des forces de police.

Le dirigeant du syndicat, Judit Szima, est un candidat de Jobbik qui a appelé pour une « bataille armée » contre les Juifs et les Roms. « Nous devons nous attendre à une guerre civile Hongro-gitane » a-t-il écrit dans le journal du syndicat Préparé à l'action, « fomentée par les Juifs qui se frottent les mains de plaisir ».

La Garde hongroise a réussi à attirer des centaines de recrues et des milliers de participants à ses meetings et a gagné un certain soutien de sections du parti conservateur d'opposition Fidesz. Des parlementaires de Fidesz ont assisté à des meetings de la Garde hongroise et le parti a refusé de condamner le groupe paramilitaire du parti. Fidesz a même formé des coalitions avec Jobbik dans certains conseils communaux.

La démocratie hongroise est encore relativement jeune et instable — ça ne fait que 20 ans que le régime « communiste » a pris fin et le gouvernement est encore dominé par des anciens staliniens corrompus. Depuis l'élection ils ont commencé à sévir contre la Garde hongroise. Jobbik a juré de riposter. Les choses pourrait rapidement mal tourner.

Jobbik est un proche allié du BNP. Cela devrait être un argument face à ceux qui défendent que le « passé nazi » du BNP n'a pas d'importance.

Tom Walker

Red Pepper, août/septembre 2009, traduction française par Martin Laurent pour le site www.lcr-lagauche.be