Au-delà des événements récents, il s’agit de comprendre l’accélération du cycle de répression sioniste et des actions de résistances palestiniennes, au cœur desquelles se trouve la ville de Jérusalem...
Il s’agit de la poursuite inlassable du plan de Benjamin Netanyahou du « grand Jérusalem » approuvé par le Parlement israélien en juin 1998 (pour mémoire au cœur des discussions du processus d’Oslo...).La colonisation massive de la Cisjordanie rend impossible l’existence de deux États, et Israël mène donc depuis plusieurs années une offensive expresse pour accélérer la judaïsation de Jérusalem.
Les leviers du colonialismePour mener à bien ce projet, l’État d’Israël use de plusieurs leviers. D’abord, la discrimination raciale : après l’occupation de 1967, les habitantEs arabes n’ont pas obtenu la nationalité israélienne, et n’ont toujours pas cette nationalité... bien que payant leur impôts à l’État sioniste. Les Palestiniens doivent fournir un ensemble de documents administratifs pour obtenir une carte de résident. Sans ce laissez-passer, l’installation dans Jérusalem est interdite et conduit à l’expulsion de la ville. Entre 1995 et 2013, 11 000 cartes de résident ont été retirées aux Palestiniens. À l’inverse, toute la population juive peut y résider sans aucune formalité administrative.De plus, il y a colonisation par l’encerclement de la Jérusalem historique, avec l’édification de trois blocs de colonies : au Nord, Giv’at Zeev ; au Sud, Goush Etzion ; à l’Est, Ma’ale Adoumim. Un véritable « cordon sanitaire » coupant la ville du reste de la Cisjordanie. Régulièrement le gouvernement israélien annonce la construction de nouvelles habitations dans ces blocs. À l’intérieur des quartiers Est de la ville, des centaines de colons chassent les habitantEs de leur maison, s’y installent, soutenus par les milices sionistes, elles mêmes accompagnées de la police israélienne, après présentation de vrais ou faux actes de propriété.Ce phénomène de colonisation et d’encerclement s’accélère avec la mise en place d’infrastructures de transport, tel le tramway, le réseau routier, reliant les quartiers Ouest de Jérusalem à la partie Est.Il y a une véritable discrimination par rapport à l’obtention du permis de construire, quasiment impossible à obtenir pour les résidentEs palestiniens. À défaut d’autorisation, des milliers de maisons ont été détruites depuis 1967. De plus, les plans d’urbanisme jouent un rôle important, comme dans le quartier de Silwan, où des centaines de maisons palestiniennes sont détruites... pour faire place à un centre touristique et un parc national israélien.
Résister ou subirÀ cela s’ajoutent bien sûr les multiples attaques et tentatives d’occupation de l’esplanade des mosquées par les fanatiques religieux juifs, souvent conduites par Moshe Feiglin, député du Likoud. Ces actions sont protégées par les forces d’occupation. Par contre, ces mêmes lieux de culte sont régulièrement interdits à une partie de la population palestinienne...Et le gouvernement israélien vient d’adopter un projet de loi instaurant le statut légal d’Israël comme « l’État-nation du peuple juif », sans aucune référence à la notion de démocratie !C’est dans ce contexte, un échec complet des processus découlant d’Oslo, une impunité de l’État israélien aux yeux de la « communauté internationale », si ce n’est sa complicité, que se déroule la « bataille de Jérusalem », avec des formes de résistances multiples, collectives ou individuelles, décidées par des Palestiniens qui n’ont pas d’autres choix que de combattre inlassablement l’occupant ou de subir les diktats racistes coloniaux.À l’appel des Palestiniens et des habitantEs de Jérusalem, ce samedi 29 novembre sera une journée internationale de solidarité avec les Palestiniens de Jérusalem.
Marc Prunier et Claude B.