Les groupes de défense des droits, les experts et l’équipe juridique de Khader Adnan, prisonnier politique palestinien décédé le 2 mai, affirment qu’Israël a causé sa mort par une négligence médicale délibérée et un traitement cruel et inhumain.
Lorsque la nouvelle est tombée, mardi 2 mai au matin, que le prisonnier palestinien vétéran Khader Adnan était mort dans une prison israélienne, les titres se sont succédé, attribuant la cause du décès à sa grève de la faim de 86 jours.
Un rôle actif des autorités
Les médias israéliens et les principaux médias occidentaux ont repris les affirmations des autorités pénitentiaires israéliennes selon lesquelles Khader Adnan avait « refusé tout traitement médical ». Le message est clair : sa mort est le résultat de ses choix et de ses actes.
Mais les groupes de défense des droits palestiniens et internationaux, ainsi que la famille d’Adnan, son équipe juridique et ses proches, racontent une histoire très différente de la cause de la mort d’Adnan. Le peuple palestinien l’a salué comme un martyr et a adopté un consensus commun qui semble être soutenu par les experts et les groupes de défense des droits : Adnan n’est pas seulement mort, il a été tué — ou du moins, les autorités pénitentiaires israéliennes, les tribunaux et l’appareil de sécurité l’ont laissé mourir.
Si la cause directe de sa mort est sans aucun doute les ravages causés par la grève de la faim sur ses organes, sa famille et les groupes de défense des droits affirment qu’un certain nombre de violations ont été commises par les autorités pénitentiaires et les tribunaux militaires israéliens, qui ont aggravé la détérioration de son état de santé et ont joué un rôle actif dans sa mort.
« Assassinat délibéré »
Addameer, un groupe de défense des droits des prisonniers palestiniens, a condamné les autorités israéliennes pour ce qu’il a décrit comme « l’assassinat délibéré » d’Adnan. Le Club des prisonniers palestiniens a accusé Israël d’avoir « exécuté » Adnan, affirmant qu’un « ordre prémédité » avait été lancé contre les prisonniers. Physicians for Human Rights Israel, dont les médecins ont suivi et visité Adnan, a déclaré que les hôpitaux et les tribunaux israéliens ont ignoré leurs demandes concernant l’état médical désastreux d’Adnan dans ses derniers jours. Selon sa femme, son avocat et des experts médicaux, la détérioration de la santé d’Adnan a été accélérée par les mauvais traitements et les pratiques cruelles des services pénitentiaires israéliens (IPS).
La nature des accusations portées contre les autorités israéliennes peut être décrite comme deux pratiques distinctes : premièrement, il y a eu une négligence médicale intentionnelle de la part des autorités israéliennes en ce qui concerne la santé de Khader Adnan pendant sa grève de la faim ; deuxièmement, les services pénitentiaires israéliens l’ont délibérément soumis à des conditions difficiles et à des efforts physiques, ainsi qu’à des tactiques de « torture » psychologique, qui ont exercé une pression supplémentaire sur son corps déjà fragile, dans l’intention d’aggraver son état de santé. En d’autres termes, Israël voulait sa mort.
Le corps d’Adnan retenu
À l’heure où nous écrivons ces lignes, le corps d’Adnan n’a toujours pas été remis à sa famille. Il fait désormais partie de la douzaine de corps congelés de détenus palestiniens décédés en captivité dans l’armée israélienne qui continuent de se voir refuser le droit d’être enterrés.
« Les limites sont toujours testées », a expliqué la juriste Dana Bulous. « Il était évident depuis quelques années qu’Israël laissera mourir un gréviste de la faim pour se débarrasser de cette stratégie de résistance. »
En ce sens, la rétention du corps d’Adnan est une nouvelle mesure punitive destinée à démoraliser les PalestinienEs et à donner l’exemple de ce qu’Israël fait aux grévistes de la faim.
Version intégrale (en anglais) sur mondoweiss.net