Vendredi 10 février, deux Israéliens étaient tués dans une attaque à la voiture-bélier à proximité de la colonie de Ramot Alon. L’occasion pour le ministre israélien de la Sécurité nationale d’agiter la menace de prétendues « représailles » toujours plus violentes.
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, du parti d’extrême droite ultranationaliste Pouvoir juif, a déclaré aux journalistes présents sur les lieux qu’il avait donné l’ordre à la police d’imposer un bouclage autour d’al-Issawiya, d’ériger des points de contrôle dans tout le quartier, « d’arrêter tout le monde un par un, et de vérifier chaque véhicule. »
« Opération Bouclier défensif 2 »
Ben-Gvir a également réitéré les appels qu’il avait lancés précédemment en faveur de l’instauration de la peine de mort pour les « terroristes » et de l’assouplissement des restrictions sur les armes à feu pour les citoyens israéliens — ce qu’il avait également demandé à la suite de l’opération de Neve Yaacov [le 29 janvier dernier].
En outre, le ministre israélien de la Défense Yoav Fallant a signé un décret imposant des sanctions économiques aux familles de 87 prisonniers palestiniens de Jérusalem-Est. Cet arrêté prévoit la saisie de tous les fonds, soit des centaines de milliers de dollars, reçus par les prisonniers et leurs familles de la part de l’Autorité palestinienne.
Ben-Gvir a appelé la police israélienne, qu’il supervise en sa qualité de ministre de la Sécurité nationale, à se préparer à l’« opération Bouclier défensif 2 », une référence à la ré-invasion militaire à grande échelle de l’armée israélienne en Cisjordanie en 2002, pendant la deuxième Intifada, qui avait duré 45 jours. Au cours de l’opération « Bouclier défensif », les forces israéliennes avaient envahi et assiégé des villes de Cisjordanie par voie terrestre et aérienne, en se concentrant principalement sur le camp de réfugiéEs de Jénine, Ramallah et Naplouse.
L’opération avait été justifiée comme une mesure « défensive » après la mort de plus de 100 Israéliens en un mois pendant la deuxième Intifada. En plus des centaines de PalestinienEs qui avaient déjà été tués et blessés au cours de la même période, l’opération a vu le meurtre de centaines d’autres par les forces israéliennes, avec également des milliers de PalestinienEs blessés, arrêtés, et la destruction totale de communautés entières.
« On y arrivera »
L’opération Bouclier défensif est considérée comme la plus grande attaque militaire contre des civils palestiniens depuis les massacres de 1948. La stratégie militaire qui sous-tendait cette agression avait été élaborée par le Premier ministre israélien de l’époque, Ariel Sharon, qui avait déclenché la deuxième Intifada en septembre 2000 lors d’une visite provocatrice sur le complexe de la mosquée Al-Aqsa.
Au début du mois de janvier de cette année, Itamar Ben-Gvir a tenté de reproduire la provocation de Sharon en se rendant de nouveau dans l’enceinte, dans le but de revendiquer le site et d’exacerber les tensions à Jérusalem.
Avec son appel à une « opération Bouclier défensif 2 », Ben Gvir espère utiliser le prétexte de la sécurité pour lancer une nouvelle invasion militaire de la Cisjordanie. Ces demandes ont débuté en octobre dernier, lorsque des groupes de colons ont organisé plusieurs manifestations en Cisjordanie pour demander la réoccupation des villes palestiniennes. Mais cet appel n’est pas seulement le fait des colons de droite en Cisjordanie.
Lors d’une commémoration de l’opération Bouclier défensif l’année dernière, l’ancien chef de l’armée israélienne, Aviv Kochavi, a ainsi déclaré que « les opérations de lutte quotidienne contre le terrorisme sont la continuation de l’opération [Bouclier défensif]. »
Et plus tôt en janvier, l’ancien principal conseiller à la Sécurité de Benjamin Netanyahu, Meir Ben-Shabbat, a remis en question l’existence de l’Autorité palestinienne si elle ne peut pas empêcher le « terrorisme », faisant un commentaire selon lequel « Abou Mazen [Mahmoud Abbas] se souvient bien des jours de l’opération Bouclier défensif ». « Il ne veut pas qu’on en arrive là, mais on y arrivera »,
a-t-il dit.
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