La Fiom, la fédération de la métallurgie de la CGIL, le principal syndicat italien, a joué pendant plus de 15 ans un rôle de premier plan dans la lutte populaire contre la politique d’austérité mise en place par les différents gouvernements de droite ou de centre-gauche qui ont dirigé le pays...
Cette organisation a participé à tous les mouvements majeurs qui ont cherché à entraver les politiques anti-ouvrières et anti-populaires des classes dominantes (y compris aux journées de Gênes de juillet 2001). La Fiom a lutté contre le tournant antisyndical de la multinationale italienne de l’automobile Fiat, qui, avec la complicité des autres syndicats, a même tenté d’empêcher la présence légitime de cette organisation dans les usines.
En 2010, la Fiom a changé de direction, avec l’élection d’un nouveau secrétaire général, Maurizio Landini. Dans un premier temps, cette nouvelle direction a continué à suivre la ligne des directions précédentes, et a gagné, en particulier avec ses nombreuses apparitions à la télévision, une image radicale et lutte de classe.
Mais peu à peu, l’organisation a commencé à revenir à une ligne syndicale modérée et traditionnelle, à reconstruire des liens avec la direction de la confédération CGIL, à relancer des relations « unitaires » avec les autres syndicats complices et, surtout, à redéfinir un cadre de relations moins conflictuelles avec le patronat et le management de Fiat (devenue entre-temps Fiat-Chrysler Auto - FCA). Ce changement progressif de ligne a aussi conduit Landini à chasser du secrétariat et de l’appareil national les dirigeants les plus liés à la ligne radicale...
Tout cela malgré le fait que l’action des patrons continuait comme avant, voire pire qu’avant, et malgré le fait qu'un nombre important de travailleurs de la métallurgie attendaient de la Fiom une défense intransigeante de leurs intérêts.
Un processus d’exclusion...
Cette situation a incité de nombreux ouvrierEs à soutenir il y a deux ans, au moment du congrès, le courant le plus de gauche. Et dans certaines usines, en particulier de FCA (surtout à Termoli et Melfi dans le sud du pays), ces ouvrierEs, ces déléguéEs, ont continué à s’opposer au management, même contre l’avis des appareils syndicaux. Ils ont organisé des grèves systématiques contre le travail supplémentaire du samedi, rendu obligatoire grâce à un accord entre FCA et les syndicats complices, des grèves largement suivies par des centaines de travailleuses et de travailleurs. Il y a même eu, il y a quelques semaines, une manifestation au sein de l’usine de Termoli, avec 200 travailleurs qui ont protesté jusqu’au bâtiment de la direction de l’établissement. Ces grèves ont forcé la direction de FCA à renoncer au samedi obligatoire et à embaucher des dizaines de nouveaux travailleurs pour maintenir les niveaux de production.
Mais au lieu de donner une valeur exemplaire à ces luttes, la direction de la fédération de la métallurgie a demandé aux organes de discipline de la confédération de déclarer le comportement de ces délégués « incompatibles avec l’appartenance à l’organisation », commençant ainsi un processus d’exclusion de ces travailleurs de la CGIL.La véritable raison de ce procès est que les grèves contre le travail obligatoire du samedi rendent de plus en plus difficile pour la direction de la Fiom la reconstruction de relations de coopération avec la direction de FCA.
Le courant lutte de classe de la CGIL et de la Fiom a immédiatement mobilisé ses adhérents en appui de ces travailleurs et de leur lutte, expliquant les raisons et organisant des initiatives dans plusieurs villes. En quelques jours, ils ont recueilli plusieurs centaines de signatures de membres et dirigeants syndicaux pour un appel à la solidarité avec les délégués en procédure disciplinaire. Aujourd’hui, ils récoltent le soutien d’intellectuels et de démocrates pour que la Fiom et la CGIL fassent marche arrière et ne livrent pas les 15 délégués à la répression du patron en les privant des protections syndicales.
De Rome, Andrea Martini