Le nouveau gouvernement italien n’a pas tardé à montrer son vrai visage réactionnaire. Malgré des différences et des désaccords entre elles, les deux composantes de ce gouvernement, la Lega et le Mouvement Cinq Étoiles, sont en parfait accord sur une féroce politique répressive contre les migrantEs.
Certes, le racisme de masse n’est pas né avec ce gouvernement, mais s’est développé depuis au moins deux décennies durant lesquelles les politiques d’austérité des différents gouvernements de centre-droite et de centre-gauche ont détruit progressivement toute solidarité de classe et ouvert la voie à la criminalisation des migrantEs pour en faire le bouc émissaire du malaise social du pays et le réceptacle des peurs et des tensions.
Sentiment d’impunité
Depuis la mise en place du nouveau gouvernement, les actes d’intimidation à l’encontre des migrantEs se sont multipliés, jusqu’à en arriver à des agressions physiques, avec des blessésE et parfois même des morts. Il est évident que cela est dû au fait qu’aujourd’hui les racistes se sentent légitimés et pensent bénéficier de l’impunité, grâce à un gouvernement ami et complice.
Toutefois, la polarisation produite par l’action du gouvernement et l’idéologie qu’il exprime ne fonctionne pas à sens unique. Si elle penche du côté du racisme, elle suscite heureusement aussi une réaction en sens contraire. Et le mouvement antiraciste commence à se réorganiser, malgré des contradictions, difficultés et incertitudes.
L’affaire du navire Diciotti
L’affaire du navire de la marine militaire Diciotti a été le détonateur de la reprise des mobilisations antiracistes. À la mi-août, il avait secouru 192 personnes au large de l’île de Lampedusa, y laissant 15 migrantEs qui avaient de grave problèmes de santé et faisant ensuite route vers le port de Catane, en Sicile, où il a accosté le 20 août. Mais les migrantEs qui se trouvaient à bord n’ont pas eu la permission de descendre du navire. Malte les avait refusés et le gouvernement italien n’a pas voulu les laisser débarquer sans un accord de répartition des réfugiéEs au sein de l’Union européenne. Résultat : pendant plus de dix jours des hommes, femmes et enfants, déjà en état de faiblesse, ont été retenus en otages à bord du navire, victimes d’un indigne bras de fer sur leur dos, et leur peau. C’est alors qu’a commencé la mobilisation. Samedi 25 août, des centaines de militantEs de différentes organisations syndicales et politiques ont organisé une manifestation plurielle, pacifique et déterminée (qui sera cependant chargée par la police) au port de Catane pour soutenir les migrantEs et demander leur libération immédiate. S’ajoutant à la situation devenue insoutenable pour le gouvernement, même d’un point de vue légal, la mobilisation a obtenu le débarquement des migrantEs.
Construire un mouvement unitaire et radical
De même, le 29 août, une importante manifestation s’est déroulée à Milan, tout aussi plurielle et déterminée, avec au moins 6 000 personnes, contre la politique raciste du gouvernement et pour l’accueil des migrantEs. Il est crucial de soutenir ces premiers signes de reprise des mobilisations antiracistes et de contribuer à construire un mouvement unitaire et radical. Dans le même temps, la tâche des anticapitalistes est de relier ces luttes à la reprise des mobilisations du monde du travail pour la reconquête des droits sociaux et empêcher toute tentative de la part du PD et des forces politiques du prétendu « centre-gauche » de se servir de ces mobilisations pour reconstruire une perspective perdante, qui est responsable non seulement de graves défaites pour le mouvement des travailleurEs, mais aussi de la montée des droites réactionnaires.
Antonello Zecca, traduction Thierry Flamand