Publié le Dimanche 5 mai 2013 à 10h46.

Italie : la crise politique s'amplifie

Deux mois après les élections législatives, la crise du système politique italien a franchi la semaine dernière un nouveau seuil, avec l'élection du Président de la République.Le Parti démocrate qui avait réussi l'exploit de perdre les élections que tout le monde donnait gagnées d'avance (en n'obtenant pas la majorité absolue au Sénat et donc la possibilité de former un gouvernement), a explosé publiquement au moment de choisir le nouveau Président de la République. La fracture dans le PD s'exprime dans le fait de choisir ou pas un nouveau cadre d'alliance politique, cette fois-ci explicite et sans la couverture du « gouvernement technique », avec Berlusconi, ou au contraire de tenter de récupérer « à gauche », notamment en se tournant vers la colère et l'exigence d'un changement radical qui a fait le succès du Mouvement 5 étoiles du comique Beppe Grillo.Cette fracture interne au PD a éclaté lors du vote à bulletins secrets pour élire le nouveau Président, quand plus de 200 éluEs démocrates n'ont pas suivi les consignes de vote officielles et ont voté contre les deux candidats appuyés successivement par le parti, Franco Marini (ancien syndicaliste issu de la démocratie-chrétienne qui fait partie des fondateurs du PD), puis Romano Prodi, trahi dans les urnes par les parlementaires les plus enclins aux alliances avec Berlusconi. Dans l'impasse institutionnelle totale, et avec la peur d'un vrai bouleversement politique, le PD a finalement cédé aux pressions pour une alliance avec le centre-droite, sous l'égide de Napolitan, réélu Président de la République, avec les votes de tout le parti sauf les « grillini » et les députés de Vendola.La gauche en chantierNous sommes donc aujourd'hui à l'épilogue de la crise de cette gauche italienne : la naissance d'un nouveau gouvernement, avec Enrico Letta, issu du PD mais pas d'origine communiste, comme Premier ministre, Alfano, secrétaire géneral du parti de Berlusconi, vice-président et ministre de l'Intérieur… ainsi que l'homme fort de Bankitalia à l'Économie, histoire de ne pas donner trop de soucis à l'Europe de Merkel et Draghi.La crise sociale, économique et politique italienne ne laisse pour l'instant à gauche qu'un champ de ruines. Avec la crise du Parti démocrate, qui va tenir prochainement un congrès certainement dramatique, se mettent déjà en place différentes opérations politiques visant à récupérer une partie de ses militantEs et de son espace politique, mais totalement incapable de répondre à la révolte. Une révolte qui grandit et qui est aujourd'hui entièrement captée par l'antipolitique de Grillo. La reconstruction d'une perspective moderne à gauche s'annonce longue, demandant une grande capacité d'expérimentation et d'innovation.De Rome, Flavia d'Angeli (Sinistra Critica)