La deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu devrait entrer en vigueur la semaine prochaine mais elle va probablement être repoussée par Israël. En effet, rompant ce qui était prévu, Benyamin Nétanyahou et son cabinet ont suspendu jusqu’à nouvel ordre la libération des 600 PalestinienNEs prévue par les termes de l’accord.
Le prétexte pour refuser la libération concerne « la mise en scène » du Hamas pour la libération des prisonnierEs israéliens. Les autorités israéliennes ont dénoncé un rituel dégradant – alors qu’il ressemble en tous points à ceux des précédentes libérations, la différence étant qu’un des prisonniers israéliens a embrassé sur le front de deux combattants avant d’être confié à la Croix-Rouge. Cette « provocation », selon les termes israéliens, a beaucoup ému les journaux internationaux, mais comme d’habitude beaucoup plus que les conditions dégradantes de libération des prisonnierEs palestinienNEs, très souvent mutiléEs, blesséEs, très amaigriEs avec la police israélienne empêchant les célébrations à coups de gaz lacrymogène.
La pression continue autour des libérations
Le Hamas a aussi, comme convenu, procédé au retour des cadavres de trois personnes de la famille Bibas. Le Hamas a indiqué que ces captifs avaient été tués par un bombardement en novembre 2023 – cela avait été annoncé déjà à l’époque d’ailleurs. Mais Israël a accusé le Hamas d’avoir délibérément tué « à mains nus » les otages. Cette version a également abondamment été relayés dans les médias occidentaux, comme si nous avions déjà oublié les mensonges sur les bébés décapités ou mis dans des fours.
Le jeu de pression continue de la part de la société israélienne et surtout de son gouvernement, avec le soutien explicite ou tacite des dirigeants impérialistes sur fond de reprise possible des bombardements, alors qu’il reste une 7e vague de libérations (sur 8) avant la phase 2 du cessez-le feu, dont on ne sait pas vraiment si elle va commencer ou pas puisque les négociations sont au point mort. Il est donc très possible que les bombardements reprennent malgré la pression des États-Unis. D’ailleurs, Trump a, semble-t-il, abandonné son plan de purification ethnique à Gaza. Il n’a pas les moyens politiques de pressurer les pays comme l’Égypte et la Jordanie d’accepter les PalestinienNEs au risque de leur propre stabilité à très court terme.
En Cisjordanie, la colonisation se poursuit
Pendant ce temps, dans la ville de Jénine, l’armée israélienne a déployé des chars pour la première fois en 23 ans. L’armée israélienne a aussi étendu son offensive dans le nord de la Cisjordanie dans la ville de Qabatiya. Les bulldozers israéliens ont immédiatement commencé à arracher les canalisations d’eau dans les rues. Le ministre israélien de la guerre a admis que les forces israéliennes avaient expulsé 40 000 PalestinienNEs de trois camps de réfugiéEs à Jénine et à Tulkarem, un chiffre rapporté par l’UNRWA il y a plusieurs semaines. Il a déclaré que les camps de réfugiéEs étaient désormais « vides de résidents » et que « les activités de l’UNRWA dans les camps ont également été arrêtées », affirmant qu’il avait donné l’ordre à l’armée israélienne de ne pas permettre aux résidentEs des camps de retourner chez eux pendant une année entière. « Nous ne reviendrons pas à la réalité du passé », a-t-il déclaré. « Nous continuerons à nettoyer les camps de réfugiés et les autres centres de terreur afin de démanteler les bataillons et l’infrastructure terroriste ». Il s’agit de purification ethnique et d’extension de la colonisation.
Israël ne veut pas la paix et reste confiant dans son impunité, notamment en Cisjordanie. C’est cette impunité qu’il faut, de notre côté, remettre en cause absolument car l’avenir du peuple palestinien dans son ensemble est en jeu.
Édouard Soulier