Alors que l’ONU alertait fin février d’une famine qui pourrait mettre 500 000 PalestinienNEs en danger vital d’ici le mois de mai, l’aide alimentaire est aujourd’hui nécessaire à pratiquement l’ensemble de la population de Gaza.
Comme si la communauté internationale était impuissante, quelques pays organisent l’acheminement d’une aide nécessairement insuffisante pour répondre aux besoins des PalestinienNEs qui meurent de faim et de soif. Des colis ont été parachutés et un navire a pu décharger une cargaison. Comble du cynisme, Biden a annoncé la construction d’un port offshore — après la destruction de celui de Gaza par les forces d’occupation — ce qui prendrait a minima deux mois à réaliser.
Des miettes d’aides distribuées pour pallier la pénurie organisée
Ces tentatives pour faire parvenir l’aide paraissent absurdes et aberrantes, alors que des centaines de camions restent bloqués par Israël aux portes de Rafah. L’ONU a d’ailleurs rappelé que l’aide par les airs ou la mer ne peut remplacer celle acheminée par la voie terrestre. Ce rafistolage est aussi dangereux, le largage de colis ayant déjà causé la mort de 5 personnes…
Tout sera donc envisagé plutôt que de contraindre l’État israélien, qui a réduit de moitié les convois autorisés à rentrer dans la bande de Gaza depuis la décision de la CIJ du 26 janvier, qui donnait à Israël obligation de garantir l’accès à l’aide. Poursuivant sa stratégie de siège, Israël refuse de donner des permissions aux humanitaires et vise délibérément des convois et civilEs lors de distributions alimentaires, comme lors du massacre du 29 février. La semaine dernière, c’est l’un des derniers centres de distribution d’aide alimentaire de l’UNRWA à Rafah qui a été ciblé.
Aucune volonté politique pour imposer un cessez-le-feu
Selon l’ONU plus d’enfants ont été tués par Israël à Gaza depuis quatre mois qu’au cours de l’ensemble des conflits des quatre dernières années. Les enfants sont aussi les premières victimes de la malnutrition qui impacte leur développement physique et cognitif. Preuve supplémentaire s’il en fallait de la visée génocidaire de la stratégie d’Israël.
Pourtant, la seule perspective pour inverser cette catastrophe annoncée — car organisée — serait un approvisionnement massif de denrées et de fournitures humanitaires telles que des médicaments. Seule l’UNRWA est capable d’organiser l’accès et la gestion d’une telle aide, ce qui explique les tentatives pour obtenir son démantèlement. Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), a déclaré qu’Israël lui refusait l’entrée dans la bande de Gaza. Le rétablissement des services de base (notamment de santé et les réseaux de communication) est aussi indispensable à une aide humanitaire sécurisée et durable.
Dans un calcul sinistre, l’aide humanitaire se retrouve être l’un des leviers des négociations en cours sur une trêve de six semaines. L’hypocrisie des alliés de l’État hébreu qui continuent leurs livraisons d’armes est manifeste tant il est évident que l’aide adéquate ne pourra advenir sans un cessez-le-feu. Plutôt que de suspendre l’aide militaire à Israël pour sa poursuite de bombardements indiscriminés ou ses entraves à l’accès de l’aide humanitaire qu’elle finance, la communauté internationale préfère donc condamner les PalestinienNEs. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a d’ailleurs déclaré que Gaza est désormais « le plus grand cimetière à ciel ouvert », quand l’armée israélienne attaquait l’hôpital Al-Shifa.
La complicité de soutien d’Israël
En réponse à cette famine organisée, l’Afrique du Sud demandait à la CIJ le 6 mars de nouvelles mesures conservatoires. Dans la poursuite de cette stratégie de pression par le droit, c’est l’Allemagne qui devra se défendre les 8 et 9 avril d’accusation de complicité de génocide, sur saisine du Nicaragua qui demande à la Cour d’ordonner la suspension de l’aide militaire accordée par l’Allemagne à Israël et la reprise de son financement à l’UNRWA.
Alors que les États impérialistes alliés d’Israël continuent d’ignorer la seule réponse viable pour les PalestinienNEs et que l’offensive terrestre sur Rafah se prépare, nous devons poursuivre notre mobilisation dans la rue et les différents collectifs pour exiger l’arrêt des transferts d’armes par la France et des sanctions contre Israël.