Plusieurs morts et des dizaines de blessés, à Yarmouk, lors de l’enterrement des victimes assassinées par Israël le 5 juin sur la ligne de séparation ente la Syrie et Israël, appelée « Purple Line » par l’ONU.Parmi les milliers de participants à la procession funéraire, plusieurs centaines ont manifesté contre la présence des dirigeants des factions palestiniennes, au cri de « dehors les chefs de faction », accusant celles-ci d’envoyer la jeunesse à la mort. Devant la colère et la violence, l’incendie du quartier général du FPLP-CG1, la réponse fut cinglante : les brigadistes du FPLP-CG ont ouvert le feu sur la foule.
Comment comprendre la réaction d’une partie de la population de Yarmouk ? La marche du 5 juin organisée sur le plateau du Golan a été perçue comme une tentative de diversion face à la répression sanguinaire du pouvoir de Bachar al Assad, le sentiment dans la population palestino-syrienne que les organisateurs des manifestations à répétition contre l’occupation du Golan et pour le droit au retour n’ont comme seul but que de détourner la mobilisation populaire conte le régime dictatorial syrien. La juste lutte pour le droit au retour, contre l’occupation de la Palestine, massivement partagée, devient un paravent face aux difficultés du régime syrien. Ce sentiment est renforcé par la passivité syrienne depuis des décennies sur la « frontière » Syrie/Israël d’environ 70 km. Depuis 1974, le pouvoir syrien a toujours œuvré, jusqu’à ce 15 mai2, pour assurer la sécurité et la tranquillité d’Israël sur la « ligne violette ».
On ne peut totalement exclure des provocations de certaines factions palestiniennes, ni conclure, comme le fait Ahmed Jibril, à une opération téléguidée et organisée. Pour autant, prendre le risque d’une nouvelle guerre inter-palestinienne serait et est criminel !
Un communiqué du bureau politique du FPLP dès le jour même rend hommage aux victimes, appelle à rester unis dans la lutte pour l’autodétermination et le retour en Palestine, et rappelle que la responsabilité fondamentale réside dans l’occupation et les crimes israéliens.
Par méconnaissance ou par volonté de nuire, les médias occidentaux confondent le FPLP-CG d’Ahmed Jibril avec le FPLP dirigé par Ahmed Saadat. Deux lettres séparent ces deux organisations à la ligne politique très différente. Depuis bien longtemps, le FPLP ne participe plus aux luttes internes aux pays arabes, tout en maintenant des partenariats forts avec les organisations anti-impérialistes de par le monde. À l’inverse d’Ahmed Jibril qui appuie fermement le régime syrien, osant associer dans un communiqué l’ensemble des réfugiés palestiniens au soutien du régime de Bachar al Assad. Cette conception est basée d’un côté sur l’indépendance par rapport aux régime arabes pour mener la lutte du peuple palestinien (FPLP) ; de l’autre une politique soumise aux politiques d’États qui financent l’organisation (FPLP-CG).
Marc Prunier1. Créé en 1967, le FPLP connait une première scission en 1968, conduite par Ahmed Jibril qui fonde le FPLP‑CG, organisation présente essentiellement en Syrie avec quelques forces au Liban et est très proche du pouvoir syrien.2. Jour de la Nakba où la population a franchi la « frontière » lors d’une manifestation pacifique, débordant les forces israéliennes sur le plateau du Golan malgré les tirs qui ont entraîné la mort de plusieurs manifestants.