L'extension à Hong Kong des règles liberticides en vigueur sur le continent s'accélère chaque jour.
Le pouvoir chinois a instauré, le 30 juin, une loi sur la Sécurité nationale permettant de traîner devant les tribunaux locaux ou continentaux toute personne accusée d'hostilité au régime. Cette loi vient s'ajouter à la législation d'urgence datant de l'époque de la colonisation britannique, et qui n'a jamais été abrogée. Une épée de Damoclès pèse notamment sur les quelque 11 000 personnes ayant été interpellées depuis juin 2019 (pour une population neuf fois inférieure à celle de la France).
Toutes les variantes de l'opposition sont durement réprimées
Les manifestantEs accusés d'avoir participé en première ligne aux affrontements avec la police peuvent écoper de peines allant jusqu'à dix ans de prison. Seule une petite partie d'entre eux/elles sont déjà sous les verrous.
Des militantEs beaucoup plus modérés sont également emprisonnés. C'est par exemple le cas depuis le 3 décembre des jeunes militantEs Joshua Wong, Agnès Chow et Ivan Lam pour leur participation au blocage du siège de la police le 21 juin 2019.
L'existence même de l'opposition parlementaire est remise en cause. Alors qu'une partie des députéEs sont dans les faits nommés par le pouvoir, celui-ci craignait néanmoins de perdre le contrôle du Parlement à l'occasion des élections initialement prévues le 6 septembre. Il redoutait qu'en ce qui concerne les député.es élu.es par la population, un nouveau raz-de-marée ait lieu en faveur des candidatEs d'opposition. Lors des élections locales de novembre 2019, l'opposition avait en effet raflé 86 % des sièges à pourvoir. Ne voulant courir aucun risque, le pouvoir a carrément reporté ces élections d'un an en invoquant la pandémie.
Quatre députés ont été par ailleurs destitués le 11 novembre. Par solidarité, la quasi-totalité des députéEs d'opposition ont démissionné. Le Parlement de Hong Kong apparait désormais clairement comme une simple chambre d'enregistrement des décisions prises à Pékin.
La marine chinoise avait arraisonné, le 23 août, l'embarcation grâce à laquelle douze opposant.es ont tenté de s'enfuir de Hong Kong. Ils sont désormais détenus sur le continent, et n'ont même pas eu le droit de choisir leurs avocat.es.
Répression anti-syndicale
La liberté d'expression est en danger. Le 1er décembre, quarante journalistes d'investigation d'une chaîne de télévision privée ont été virés du jour au lendemain sous pression du pouvoir chinois, et soixante autres licenciements sont prévus. L'intrusion du pouvoir est grandissante au sein de la chaîne de radiotélévision publique.
Jimmy Lai, un richissime patron de presse indépendant du pouvoir, a été placé en détention le 3 décembre, au motif que le siège de son principal organe de presse serait utilisé à des fins différentes de celles prévues par le contrat de location de l’immeuble !
De nombreux et nombreuses salariéEs ont été licenciés pour fait de grève, de participation à des manifestations ou même pour avoir tenu des propos déplaisant au pouvoir. La secrétaire générale d'un des syndicats du transport aérien avait été licenciée suite aux grèves de l'été 2019. Des représailles sont en cours dans le secteur de la santé publique suite à la grève massive de février 2020 qui avait contraint le pouvoir hongkongais à prendre enfin quelques mesures contre la pandémie. Les fonctionnaires se voient désormais interdit tout propos ou action pouvant être considérés par le pouvoir comme lui étant hostiles.
Même si elle s'accentue de façon inquiétante, la « normalisation » de Hong Kong est loin d'être achevée. Des forces de résistance subsistent et ont plus que jamais besoin de la solidarité internationale.