Publié le Mercredi 16 décembre 2020 à 10h11.

Les travailleurEs étatsuniens devront se battre sous la présidence Biden

Le président élu Joseph Biden a promis de contrôler le pouvoir des entreprises, d’encourager la syndicalisation et la négociation collective et de s’assurer que les travailleurEs sont traités avec dignité et reçoivent le salaire, les avantages et les protections qu’ils méritent sur leur lieu de travail.

Si Biden tenait ces promesses, cela représenterait un changement radical par rapport aux précédents présidents démocrates, de Jimmy Carter à Bill Clinton en passant par Barack Obama, qui ont tous fait les mêmes promesses et ne les ont pas tenues.

Syndicats sur la défensive

Pendant quarante ans, les entreprises ont mené la guerre contre la classe ouvrière et le gouvernement a constamment failli à défendre les travailleurEs du pays. Aujourd’hui, seuls 10,3 % (soit 14,6 millions) des travailleurEs sont syndiqués, contre 35 % dans les années 1950. Dans le secteur privé, le taux de syndicalisation n’est que de 6,2 %, alors qu’il est de 33 % dans le secteur public. Les grèves de 1 000 travailleurEs ou plus ont généralement diminué, passant de 300-400 dans les années 1950-1970 à seulement 25 cette année, qui est pourtant le niveau le plus élevé depuis dix ans.

Depuis le début de la pandémie de coronavirus, des dizaines de millions de personnes ont perdu leur emploi. Les réponses du gouvernement et des employeurs face au virus ont provoqué une série de petites grèves et de manifestations. Les infirmières, les enseignantEs et les travailleurEs des transports mènent le combat. Mais les syndicats ont surtout été sur la défensive sans stratégie unifiée, sauf pour placer leurs espoirs dans l’élection de Biden et d’autres démocrates au Congrès.

Quel secrétaire au Travail ?

Bien qu’il ait déjà pourvu un certain nombre de postes au sein du cabinet, Biden n’a pas encore choisi de secrétaire au Travail. Le président de la confédération syndicale AFL-CIO, Richard Trumka, préfère le maire de Boston, Marty Walsh, qui était auparavant à la tête du Conseil des métiers du bâtiment et de la construction de la ville, un groupement syndical très conservateur, principalement des hommes blancs, dont beaucoup ont soutenu le président Donald Trump. Les fonctionnaires et employéEs des services, qui sont en grande partie noirs, latinos et femmes, ne sont pas satisfaits de cette position. Certains syndicats veulent que Biden choisisse Andy Levin, élu du Michigan au Congrès, descendant d’une famille politique libérale qui a travaillé en étroite collaboration avec les syndicats. Biden pourrait également choisir la secrétaire au Travail de Californie, Julie Shu, fille d’immigrants chinois. Les choix déjà faits par Biden pour son cabinet sont diversifiés sur le plan ethnique et racial et il pourrait donc choisir Walsh ou Levin, qui sont tous deux des hommes blancs.

Nouveaux défis

Dans les années 1930, les communistes, les socialistes et les trotskistes ont joué un rôle important dans la direction des grèves les plus militantes, qui ont créé les nouveaux syndicats. Aujourd’hui, les Socialistes démocrates d’Amérique (DSA) sont engagés dans plusieurs projets de syndicalisation impliquant des infirmières, des enseignantEs, des travailleurEs sociaux, des employéEs d’entrepôt, des travailleurEs des transports et des restaurants et d’autres. Certains des militantEs syndicaux de DSA ont une orientation tournée vers la base, tandis que d’autres travaillent avec des responsables ou permanents progressistes des syndicats. Au cours des prochaines années, DSA et les autres groupes de gauche devront développer des stratégies et des tactiques qui pourront aider les travailleurEs à reconstruire leur puissance sur leur lieu de travail et dans la société. La syndicalisation des travailleurEs soulève aujourd’hui de nouveaux défis, car beaucoup ont des emplois précaires et sont des immigrantEs sans papiers. En tout cas, cette tâche de remobilisation sociale est centrale pour nous.

Traduction Henri Wilno