Publié le Mardi 10 mai 2016 à 20h26.

Londres : toujours plus d’islamophobie

Vendredi 6 mai, le candidat travailliste Sadiq Khan a été élu maire de Londres avec plus de 57 % des voix : il est donc devenu le premier maire musulman d’une grande ville européenne. La déferlante médiatique à ce sujet laisse perplexe. Le programme du candidat n’a rien de révolutionnaire, faisant partie de l’aile droite du Parti travailliste : certes il promet la création de logements à loyers modérés et le gel des prix des transports en commun, mais ses promesses sont aussi pour le monde de la finance, et c’est dans ce sens qu’il faut comprendre sa position sur le référendum du 23 juin (« In », le maintien dans l’Union européenne).

La campagne a été entachée d’une islamophobie virulente, Khan étant accusé tour à tour d’accointances avec Daesh ou d’antisémitisme par son adversaire conservateur, fils de milliardaire, Zac Goldsmith. Mais c’est le caractère de classe qui a été retenu, Khan étant le fils d’un chauffeur d’autobus... sans pour autant qu’il défende les intérêts de ceux d’en bas.

Au lendemain de son élection, les médias notamment français s’en sont donné à cœur joie pour analyser comment il était possible pour un musulman de devenir maire d’une grande ville européenne, montrant comme l’islamophobie pouvait s’inviter dans les débats sans que cela ne choque personne...

Finkielkraut a même osé déclarer que « cette image de la victoire du musulman pauvre sur le juif riche me laisse un goût amer »... Ce qui nous laisse un goût amer, c’est cette islamophobie omniprésente dans les médias, omniprésente dans la société. Ce qui nous laisse un goût amer, c’est cet état d’urgence qui permet d’opprimer encore un peu plus les musulmanEs, de réprimer un peu plus dans les quartiers populaires, d’expulser avec un peu plus de violence les migrantEs comme ceux du lycée Jean-Jaurès dans le 19e arrondissement de Paris. Ce qui nous laisse un goût amer, c’est bien le racisme d’État et ceux qui le relayent ! C’est bien ce racisme qu’il faudra combattre, sans relâche et sans aucune illusion sur la politique que mènera le nouveau maire de Londres.