Le dimanche 27 janvier, Emmanuel Macron posait le pied sur le sol égyptien, pour une visite officielle de deux jours. Une visite dans un « pays ami », duquel la France s’est progressivement rapproché depuis le coup d’État sanglant du maréchal Sissi en juillet 2013, en dépit du régime de terreur instauré par Sissi et ses sbires. Restriction des libertés démocratiques élémentaires, répression contre les opposantEs, les journalistes et les ONG, arrestations par dizaines de milliers, « disparitions forcées » et morts par milliers : une brutalité connue et documentée qui n’a pas empêché l’auto-proclamé « pays des droits de l’homme » de nouer des relations de plus en plus resserrées avec le dictateur Sissi, un bon client pour les industries françaises. C’est notamment dans le domaine des ventes d’armes que le régime militaire égyptien s’est avéré être un « ami » particulièrement généreux, devenant le troisième client de la France avec environ six milliards d’euros de commandes depuis 2015.
Dans un tel contexte, les quelques déclarations de Macron relative aux droits humains en Égypte ressemblent à une méprisante plaisanterie, ainsi que l’a compris Sissi lui-même, qui a commenté les déclarations de Macron en arguant que le développement économique du pays primait sur le respect des libertés publiques et des droits humains. Pourquoi s’en serait-il privé ? Macron n’a en effet pas caché que l’un des objectifs de sa visite était le développement des partenariats économiques avec l’Égypte, avec à court terme la signature d’une trentaine d’accords et de contrats commerciaux, pour un montant total de près d’un milliard d’euros et, à moyen terme, la vente de 12 Rafale supplémentaires à Sissi, qui en a déjà acheté 24.
Difficile, dans de telles conditions, de ne pas rire jaune lorsque l’on entend Macron exiger de Nicolás Maduro qu’il organise des élections au Venezuela alors que, dans le même temps, il se pavane avec son « partenaire stratégique » Sissi. Être le Président des riches signifie aussi, on l’oublie trop souvent, être l’ami des dictateurs, à la seule condition que ceux-ci « achètent français » et/ou préservent les prétendus « intérêts de la France ». C’est-à-dire les intérêts des multinationales françaises détenues par les copains de classe de Macron.
Julien Salingue