Publié le Jeudi 24 mars 2022 à 10h33.

Malgré les problèmes économiques, Biden bénéficie de la crise ukrainienne

Le socialiste américain Randolph Bourne a écrit en 1918 : « La guerre est la santé de l’État. » Elle peut aussi être salubre pour les présidents. Alors que le Covid et la guerre de la Russie contre l’Ukraine ont des conséquences économiques qui affectent des millions d’AméricainEs, Biden gagne néanmoins en soutien politique.

Un récent sondage réalisé montre que la cote d’approbation globale du président a bondi à 47 %, soit une hausse de huit points par rapport au mois dernier, en grande partie grâce à son discours sur l’état de l’Union et à son rôle dans la réponse à la situation ukrainienne. Cela l’a aidé dans d’autres domaines. L’opinion favorable du public sur sa gestion de l’Ukraine a augmenté de 18 points pour atteindre 52 % ; sur la gestion du Covid, elle a maintenant progressé de huit points pour atteindre 55 %, et elle a même augmenté de huit points pour atteindre 45 % pour l’économie.

Président en temps de guerre

Les présidents progressent souvent dans les sondages en temps de guerre, du moins au début, et c’est le cas pour Biden. S’ils ne sont pas directement impliqués, les États-Unis sont devenus non seulement un soutien mais aussi un fournisseur de l’Ukraine. La présidence et le Congrès soutiennent l’Ukraine de nombreuses manières, notamment par des sanctions contre les banques, le commerce, le pétrole et le gaz russes. En outre, le Congrès a adopté une nouvelle loi qui prévoit 13,6 milliards de dollars pour l’assistance humanitaire, les fournitures militaires, le déploiement de troupes et le renseignement. Les États-Unis ont maintenant déployé 14 000 soldats supplémentaires en Europe, ce qui porte le total des troupes US en Europe à 100 000. La CIA, qui forme des soldats ukrainiens depuis 2015, semble envoyer des vétérans étatsuniens en Ukraine comme formateurs et combattants.

Dans un récent sondage, 87 % des ÉtatsunienEs accusent le président russe Vladimir Poutine d’être responsable de la guerre, 81 % soutiennent les sanctions contre la Russie, tandis qu’une grande majorité est d’accord avec s’opposer à une zone d’exclusion aérienne parce qu’elle pourrait conduire à la guerre. Quelque 75 % veulent faire tout leur possible pour soutenir l’Ukraine tout en évitant une guerre directe entre les États-Unis et la Russie. Et 81 % des Démocrates, 40 % des indépendants et 10 % des Républicains approuvent la gestion de la question ukrainienne par M. Biden.

Le covid, toujours

Les sanctions étatsuniennes et d’autres mesures pourraient affecter l’économie US. La Russie étant un important producteur de pétrole et de céréales, il est presque certain que les prix de ces produits et de certains autres produits de base augmenteront. L’économie US subit déjà les effets de son soutien à l’Ukraine, en plus de ceux de la pandémie de Covid qui a dévasté l’économie pendant plus de deux ans. Bien que de nombreuses restrictions liées au Covid aient été levées et que des millions de personnes aient repris le travail, la situation n’est pas revenue à la normale et le rôle des États-Unis dans le conflit en Ukraine entraînera d’autres difficultés.

De nombreux États, villes et districts scolaires ont abandonné l’obligation du port du masque, même si seulement 65,8 % des ÉtatsunienEs ont été vaccinés. Plus de 1 100 personnes meurent encore chaque jour, ce qui porte le nombre total de décès dus au Covid à environ 974 000. Une nouvelle variante du Covid appelée BA.2 se propage rapidement, et de nombreux experts de la santé craignent une nouvelle vague. On ne sait pas exactement quel pourrait être son effet sur l’économie.

Inflation galopante

L’inflation est désormais le grand problème. Il y a un an, la hausse des prix était de 1,7 % ; aujourd’hui, elle est de 7,9 %, en raison de la hausse des coûts du logement, de la nourriture et du carburant. Depuis que M. Biden est devenu président, les prix ont augmenté dans tous les secteurs : le logement a augmenté de 18,8 % ; les loyers de 17,6 % ; les prix des denrées alimentaires de 5 % au premier trimestre 2022 ; et le prix de l’essence est passé d’environ trois dollars le gallon à cinq dollars le gallon. En raison de l’inflation, la Réserve fédérale américaine a augmenté ses taux d’intérêt de 0,25 % à 0,50 %, et a indiqué qu’elle prévoyait de les relever jusqu’à six fois cette année. La hausse des taux d’intérêt entraîne généralement une diminution des dépenses des consommateurEs et des entreprises et peut conduire à une baisse des cours boursiers.

Dans ces conditions, on pourrait s’attendre à voir les travailleurEs commencer se mobiliser, mais dans une période d’insécurité – le Covid et la guerre – les travailleurEs sont prudents, et jusqu’à présent, il n’y a pas de poussée majeure. Des campagnes d’organisation syndicale ont lieu dans les entrepôts d’Amazon et dans les cafés Starbucks, et elles semblent gagner du terrain, avec quelques petites grèves et protestations et des élections de représentation syndicale prévues. C’est peut-être un début.

Traduction Henri WIlno