La réforme de l’Éducation de mars 2000 est une attaque contre le droit à un enseignement libre gratuit. L’objectif est de casser l’université publique, gratuite et populaire pour mettre en place des universités sélectives, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays sous l’emprise de la Banque mondiale. En réponse à ces attaques, le mouvement étudiant, avec l’Union nationale des étudiants du Maroc (Unem), a entamé des luttes. Elles ont été violemment réprimées par le pouvoir, arrêtant et condamnant des dizaines d’étudiants et étudiantes à Fès, Taza, Meknès, Oujda, Tanger, Marrakech et Agadir. À Agadir, la lutte a concerné les conditions de scolarité et d’hébergement : retards de versement des bourses, militarisation de la cité universitaire, absence de restaurant universitaire, de moyens de transport, manque d’enseignants, sureffectif étudiant, résultats universitaires catastrophiques douteux, mauvaise gestion de l’université, etc. Les étudiants sont soutenus par le syndicat des enseignants qui a fait une grève de deux jours en solidarité. En février et mars, toutes les facultés étaient mobilisées et l’auto-organisation de la lutte a permis la participation réelle de tous les étudiants, avec une forte composante féminine. Une partie des revendications a été arrachée, notamment à la faculté de droit. En réaction, la direction a imposé des dates d’examens début juin, juste après l’arrêt de cours, pour faire échouer une grande partie des étudiants. Ceux-ci ont décidé de boycotter les examens et ont organisé une manifestation géante, défiant le blocus policier imposé autour de l’université. Le 7 juin, les forces de répression ont contraint une petite partie des étudiants à passer les examens, les enfermant dans les amphis, les insultant et menaçant sous les yeux des enseignants. Dix étudiants ont été arrêtés, la police venant chercher certains d’entre eux à domicile. Cinq sont toujours emprisonnés dans le triste bagne d’Inezgane, près d’Agadir. Avec les étudiants d’autres universités arrêtés, ils risquent tous de très lourdes peines.