La démocratie de Mohammed VI se résume au règne de la matraque et des expéditions punitives contre le peuple du Rif qui, depuis des mois, se bat pour la justice sociale, la dignité et la liberté. Le pouvoir de la mafia prédatrice, avec à sa tête un roi devenu un des hommes les plus riches de la planète, apparaît au grand jour pour ce qu’il est : un pouvoir qui ne peut accepter que de simples citoyens prennent la parole, s’organisent par eux-mêmes, élaborent leurs revendications et cherchent à les défendre pacifiquement. Un pouvoir qui ne peut accepter la défiance des populations face aux éluEs et interlocuteurs liés directement ou non à cette mafia. Un pouvoir qui depuis toujours refuse de négocier sur la base de « la pression de la rue »...
Reste que depuis huit mois, rien n’arrête la colère des Rifains malgré l’armada sécuritaire. La monarchie ne peut ni répondre aux revendications, ni arrêter la mobilisation, ni même utiliser les détenus du mouvement pour monnayer le retour au calme, et la peur des puissants est visible devant le risque d’une contagion dans les régions du Maroc profond.
C’est dans ce contexte explosif que les déclarations de Macron lors de sa vite à Mohammed VI prenne tout leur sens. Le jour même de son arrivée, le procureur du Roi annonçait la demande d’une peine de réclusion pour 25 détenus sahraouis de Gdeim Izik sur la base d’aveux extorqués sous la torture, et de 28 jeunes du « Hirak », condamnés à 18 mois de prison fermes. Macron s’est érigé, en ce qui concerne la lutte actuelle dans le Rif, en porte-parole du Palais : « J’ai senti que le Roi considère qu’il est normal qu’il y ait des manifestations (….) que son souhait est d’apaiser la situation en apportant de la considération à ces régions et des réponses très concrètes, en termes de politiques publiques. La discussion que nous avons eue ne donne pas, loin de là, de craindre à une volonté de répression ».
Le Royaume est devenu une tête de pont dans la réorganisation de la Françafrique, un maillon stratégique de l’Europe forteresse, un allié incontournable dans la « lutte contre le terrorisme », et surtout un pays où les entreprises du CAC40 sont les principaux investisseurs étrangers. La lutte du peuple marocain et des populations du Rif remettrait en cause ce dispositif néocolonial essentiel à l’État français. Raison de plus pour soutenir leur combat contre la dictature de Mohammed VI, jusqu’à la libération de tous les detenuEs et la satisfaction de leurs revendications.
Chawqui Lotfi