Alors que le mouvement de désobéissance civile se poursuit en Birmanie, et que l’autodéfense armée se développe face à la répression, la junte militaire continue de persécuter les journalistes qui tentent, malgré tout, de faire leur travail.
Trois journalistes du média interdit Democratic Voice of Burma (DVB) ont été arrêtés en Thaïlande après avoir fui le Myanmar [Birmanie], tandis qu’un de leurs collègues a été condamné à trois ans de prison par les tribunaux contrôlés par la junte. Selon une déclaration de DVB, trois reporters et deux militants ont été arrêtés à Chiang Mai et accusés d’« entrée illégale en Thaïlande ». « DVB demande instamment aux autorités thaïlandaises de ne pas les expulser vers la Birmanie, car leur vie serait gravement menacée s’ils devaient y retourner », a déclaré ce média dans un communiqué, dans lequel il a également demandé au Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés d’« intervenir pour assurer leur sécurité ».
Inculpations et procès à répétition
Le reporter de la DVB Min Nyo a quant à lui été condamné à trois ans de prison, soit la peine maximale autorisée par l’article 505A du Code pénal, suite à des accusations qui ont été également portées contre des dizaines d’autres reporters dont les procès n’ont pas encore eu lieu. Si les trois journalistes présents en Thaïlande étaient renvoyés dans leur pays, ils risqueraient presque certainement d’être emprisonnés, voire pire.
Les autorités thaïlandaises ont laissé entrevoir l’espoir d’une résolution qui respecte les droits humains. « Les autorités thaïlandaises concernées se coordonnent pour trouver une ou plusieurs solutions humanitaires ayant trait au cas récent des journalistes du Myanmar », a tweeté le porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères. Le porte-parole de la police, le colonel Krishna Pattanacharoen, a eu des mots encore plus prometteurs, déclarant que « pour le moment, nous n’envisageons pas encore de les expulser. » Pourtant, aucun des deux responsables n’a pris l’engagement de leur permettre de rester. Ils restent donc dans une position extrêmement précaire et la situation demeure très préoccupante.
Les mauvaises nouvelles ne se sont pas arrêtées là sur le front de la liberté de la presse, puisque deux journalistes basés à Rakhine et deux journalistes basés à Mandalay ont également été inculpés en vertu de l’article 505A. Deux reporters de DMG (Development Media Group) à Rakhine ont appris cette semaine qu’ils avaient déjà été inculpés en vertu de l’article 505A, après l’avoir été en janvier dernier en vertu de l’article 66d de la loi sur les télécommunications. Deux autres journalistes de Voice of Myanmar à Mandalay, dont le rédacteur en chef, ont été inculpés des mêmes chefs d’accusation et placés en détention provisoire par un tribunal lors d’une audience mercredi 12 mai.
Le seul point positif est que la junte a annoncé qu’elle allait libérer le journaliste indépendant japonais Yuki Kitazumi, bien qu’il ait « enfreint la loi », en signe de bonne volonté envers le Japon. C’est toujours un pas en avant et dix pas en arrière.