Publié le Jeudi 6 août 2009 à 17h18.

Mission en Palestine de militants du NPA. Billet n° 6 Jérusalem, le 4 août 2009 : le projet sioniste et le nettoyage ethnique de Jérusalem 

Dimanche 2 août. Ce matin vers 5h, à Sheikh Jarrah, un quartier de Jérusalem Est, sept familles ont été expulsées de leurs maisons par les autorités israéliennes.

Les militants du NPA avaient rencontré ces familles quelques jours avant (voir bulletin de la mission n 1) et passé une nuit auprès d'elles. Une fois la porte enfoncée sans sommation, les policiers ont brutalement sorti hommes, femmes et enfants, molestant certains habitants et ne laissant pas le temps aux femmes de se couvrir de leurs hijab pour ajouter l’humiliation aux violences. Les autorités israéliennes ont expulsé ces familles au prétexte qu’elles ne pouvaient justifier d’un titre de propriété pour ces maisons qu’elles occupaient pourtant depuis les années 1950 ! En fin d’après-midi, sous le regard impuissant des familles et la présence d’une poignée de manifestants internationaux, des familles de colons prenaient possession des lieux. Voilà la réalité crue de la mise en œuvre de la politique sioniste.

Rappelons rapidement qu’en 1967, Israël ne contrôlait aucune terre à Jérusalem Est, aujourd’hui 200 000 colons juifs israéliens occupent la partie palestinienne de la ville en dépit des résolutions internationales et autres accords de paix. L’israélisation de Jérusalem répond à la volonté de faire de la ville la capitale « une et indivisible d’Israël ». Cette politique s’articule en plusieurs axes. Le plus visible reste bien sûr le soi-disant « mur de sécurité » qui a sorti des quartiers arabes des frontières de la ville (125 000 Palestiniens), mais les retraits de carte de résidents (environ 1 000 chaque année), les destructions de maisons (880 depuis 1994) et la non-délivrance de permis de construire pour les Palestiniens sont les adjuvants efficaces de cette politique de nettoyage ethnique. Israël poursuit patiemment sa guerre démographique et géostratégique pour le contrôle complet de la ville. Si les Palestiniens gagnent la bataille démographique avec des taux de natalité largement supérieur, les Israéliens gagnent en revanche la guerre géostratégique. Le projet de conquête de la grande cité de David - cité mythique puisque jusqu’à la fin du 19ème siècle la ville ne faisait qu’un kilomètre carré- progresse chaque jour un peu plus, loin des feux médiatiques, redessinant ainsi complètement les contours de la ville sainte.

La colonisation sioniste est un projet  total, prenant de multiples formes. L’archéologie et le tourisme sont deux vecteurs parmi d’autres de l’accomplissement de la grande capitale d’Israël. La société des fouilles archéologiques israélienne s’active chaque jour dans la vieille ville et ses alentours pour mettre en exergue le riche patrimoine de la cité millénaire…lorsqu’il contribue à justifier la présence juive, à construire une continuité historique. Près de la porte de Damas, contrairement aux règles de l’UNESCO,  un centre de police et une salle des fêtes ont été construit sur une fouille archéologique de la période romaine. Un peu plus loin, les ossements d’un cimetière abbasside ont été déplacés et enterrés on ne sait où, sans qu’aucune publication n’ait été faite sur cette découverte majeure. Il est donc très difficile aujourd’hui de différencier l’archéologue du colon, cela n’a rien d’étonnant lorsque l’on sait que les principaux financements de la société des fouilles archéologiques israélienne proviennent d’associations de colons. Le tourisme lui aussi s’inscrit dans l’accomplissement de la Jérusalem israélienne. Chaque année, 6 millions de touristes s’invitent dans les murs de la vieille ville dont 2,5 millions d’internationaux. Cette manne touristique entraîne bien évidemment la construction d’hôtels, de restaurants (il y a 30 Mc Do à Jérusalem) et autres infrastructures d’accueil entraînant une pression foncière sur les populations les plus défavorisées…les populations palestiniennes.

Le nettoyage ethnique continue à Jérusalem et les sept familles de Sheikh Jarrah, si elles ne sont qu’une goutte d’eau dans le flot des expulsions, sont des victimes sur lesquelles nous avons pu mettre un visage loin de l’abstraction des chiffres qui masque la cruauté de la politique sioniste. Aujourd’hui, ces familles n’ont plus de toit, n’ont plus de terre.