Publié le Mardi 11 août 2009 à 21h02.

Mission en Palestine de militants du NPA. Billet n°9 Jérusalem : contre l'apartheid, boycottons !

Israel est souvent identifié à un régime d'apartheid. Pour beaucoup de nos interlocuteurs, cette caractérisation est essentielle à la fois pour comprendre et décrire la situation en Palestine mais aussi car elle permet de puiser des outils de résistance et de lutte dans une expérience historique, celle de l'Afrique du Sud.

 L'Apartheid en Afrique du Sud se caractérisait à la fois par une répartition très inégale de la terre et, politiquement, par une recherche de légitimation internationale en se présentant comme un Etat démocratique.
En Afrique du Sud, 87% du territoire était propriété des Afrikaners tandis que la population noire majoritaire vivait sur les 13% restant. Afin de pouvoir afficher un visage démocratique, l' Afrique du Sud avait choisi de déclarer chaque Bantoustan entité independante. Résultat : alors que la population blanche représentait 10% de la population totale, elle se retrouvait majoritaire et omnipotente sur une terre debarassée de ses habitants d'origine.

Aujourd'hui, nous pouvons observer un schéma très similaire en Palestine : dans l'Etat d'Israel, 97% des terres sont aujourd'hui détenues par et pour la population juive. En Cisjordanie, l'occupant s'approprie près de 50% des terres. De plus, la division de la Cisjordanie en trois zones (nord-centre-sud) qui se dessine de plus en plus clairement ici, n'est pas sans rappeler la bantoustisation.

Si l'on observe en détails les termes de la Conférence de suppression et de sanctions du crime d'apartheid de 1973, Israël correspond a chaque cas énoncé. 
Selon cette conférence, tout régime niant, entre autres, les droits de retour, de mouvement, de nationalité et instaurant des mesure législatives visant à diviser la population en créant des ghettos et en empêchant les mariages mixtes par exemple ou en expropriant des groupes ethniques, se rend coupable de crime d'apartheid. 
L'Etat israélien correspond en tous points à cette définition de l'apartheid.  

Pourtant les deux systèmes, israélien et sud-africain diffèrent en partie quant à la manière d'appliquer ce régime discriminatoire.

La première nuance étant que, si l'Apartheid des Africaaners apparaissait très clairement, notamment à travers les différents écriteaux, les places de bus réservés, etc... l'apartheid israélien est plus indirect, plus sophistiqué. Notamment en Israël. Les Palestiniens citoyens d'Israël, s'ils bénéficient du droit de vote, n'en sont pas moins des citoyens de seconde zone si l'on observe les conditions concrètes de vie. Sans compter que l'accès à la terre et à la propriété leur est rendu impossible puisqu'il existe un test d'adaptibilité social pour lequel ils n'obtiennent jamais de résultats positifs.

En outre, l'objectif de l'Apartheid sud-africain était de réduire la population indigène à une main d'oeuvre corvéable à merci. Ici, en plus d'utiliser la main d'oeuvre bon marché que représentent les Palestiniens, Israël, état juif, cherche avant toute chose à réduire au maximum la présence de non-juifs par une stratégie vicieuse de déni de droits, de confiscation de la terre, de racisme et de violences quotidiennes à l'encontre des populations civiles qui s'opposent à ce système d'apartheid. 

Réagissons ! Boycottons !

Devant un tel constat et face à l'immobilisme de la communaute internationale, il est vital que la société civile se mobilise comme elle l'avait fait avec succès dans le cas de l'Apartheid sud-africain en prenant part à la campagne BDS (Boycott-Desinvestissement-Sanctions). 

Depuis 2005, l'ensemble de la société civile et politique palestinienne a appelé au boycott économique, culturel, sportif et académique d'Israël. Il s'agit d'un moyen de pression visant à mettre fin à l'Apartheid et à l'occupation mais également à lutter pour la reconnaissance du droit au retour de tous les Palestiniens sur leur terre.

Depuis le début de cette campagne, ses animateurs peuvent se féliciter d'un certain nombre de victoires, notamment contre l'entreprise francaise Véolia, qui participe à la construction du tramway reliant Jérusalem aux colonies et qui a essuyé des pertes de contrats évaluées à environ 11 milliards de dollars, selon le coordinateur de la campagne BDS Omar Barghouti. Notons aussi que lors du festival du film international à Edimbourg, Ken Loach, soutien de la campagne BDS a menacé de boycotter la manifestation si ses organisateurs acceptaient les subventions proposées par le consulat israélien. Ceux-ci ont finalement cedé !

Aujourd'hui, de plus en plus d'organisations dans plusieurs pays ont choisi de prendre part à cette campagne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions à l'égard d'Israël.

En France, cette campagne a notamment pris pour cible l'entreprise israélienne Agrexco, financée à 50% par l'Etat israélien. Agrexco est specialisée dans l'exportation de fruits de légumes et de fleurs et distribue les marques Carmel, Biotop et Ecofresh. Agrexco commercialise 70% des produits provenant des colonies de la vallée du Jourdain où 7000 colons occupent 95% des terres et controlent 98% de l'eau. Par ailleurs George Frêche, président de la Région Languedoc-Rousillon a choisi d'implanter l'entreprise dans le port de Sête, faisant de la ville la porte d'entrée européenne des produits israéliens.  

Quant au pendants universitaire et academique du boycott, des réserves existent en France. Chez un grand nombre d'universitaires francais la rupture des relations avec leurs collègues israéliens semble une réponse disproportionée. Pourtant, notons que les universitaires israéliens ne se sont jamais mobilisés en faveur des droits de Palestiniens et, contrairement aux idées recues, ne vivent pas dans leur tour d'ivoire puisque chaque professeur d'université porte également la casquette de réserviste et effectue chaque année plusieurs semaines au sein des forces armées israéliennes. De plus, par leur passivite, ils se rendent complices du racisme lors du recrutement des étudiants. Rappelons ici que l'Universite Hébraique de Jérusalem est construite sur des terres confisquées aux Palestiens... 

Aujourd'hui il est vital de répondre a cet appel.

Le NPA, ainsi que de nombreuses organisations, travaille à construire en France une campagne massive et unitaire. Un appel a été lance pour faire du 10 octobre une grande journée nationale pour le boycott d'Israël en poursuivant notamment la mobilisation citoyenne contre l'implantation d'Agrexco dans le port de Sëte.

Soyons nombreux, réagissons, boycottons !