C’était prévisible : les partis bourgeois (PLR et UDC) utilisent le prétexte de la guerre d’invasion russe contre l’Ukraine pour demander deux milliards de francs [environ deux milliards d’euros] supplémentaires au budget militaire et 20 000 soldats de plus pour l’armée suisse.
Ainsi, le PLR a annoncé le dépôt de deux motions visant à « renforcer l’armée suisse » rapidement, car selon son président, Thierry Burkart, « l’Europe est en guerre » et «la Suisse doit être en mesure de se défendre elle-même ». Au même moment, des représentants de l’UDC présentaient leur plan pour doter l’armée suisse de davantage de ressources en hommes et moyens, et le Conseil fédéral annonce la possibilité de rendre le service militaire obligatoire pour les femmes.
Course aux armements
La droite demande également au Conseil fédéral d’acquérir le plus rapidement les nouveaux avions de combat F-35, qui doivent faire l’objet d’une votation. Dans ce cadre, le chef du groupe UDC au Parlement, Thomas Aeschi, a appelé le PS et les Verts à retirer leur initiative contre l’achat de ces appareils…
Ces appels au renforcement de l’armée ont pour objectif de militariser la Suisse et participent à une véritable course aux armements dans le monde. En effet, des dépenses militaires supplémentaires sont également discutées dans d’autres pays en Europe, comme en Allemagne, qui va débloquer 100 milliards d’euros pour son armée.
Le mouvement solidaritéS dénonce ces appels en Suisse à une augmentation des dépenses militaires. Nous réitérons notre soutien à la perspective d’une Suisse sans armée. Pour rappel, à l’échelle mondiale, les sommes consacrées à l’armement sont estimées en 2019 à 1 917 milliards de dollars (source SIPRI). Leur croissance a été de 7,2 % entre 2010 et 2019, donc une augmentation significative bien avant la crise actuelle. Quel secteur des dépenses publiques a connu durant la même période une telle croissance ? Deux puissances dépensent la moitié de cette somme gigantesque, les États-Unis (732 milliards de dollars) et la Chine (261 milliards de dollars). Pour nous, ces sommes doivent servir à affronter d’autres menaces, notamment sociales et environnementales.
Il ne peut y avoir de sécurité sans désarmement global
En effet, les activités militaires sont responsables de 20 % des dégâts environnementaux. À cela s’ajoutent évidemment les dommages irréparables sur la santé des victimes de conflits et des militaires impliqués, les coûts financiers et environnementaux de la reconstruction après des conflits armés, les déplacements forcés de population. Le désarmement, à l’échelle suisse et mondiale, l’abandon de toutes les armes nucléaires, sont d’actualité pour tous les peuples qui luttent pour leurs droits démocratiques, sociaux et environnementaux.
Au lieu d’alimenter l’industrie parasitaire et mortifère de l’armement, les montants gigantesques qui y sont gaspillés doivent urgemment être consacrés à la lutte contre les inégalités sociales, la pauvreté, la précarité de la population dans le monde, à la mise en place de mesures radicales contre le réchauffement climatique et l’accueil digne de personnes fuyant les guerres et la misère. La défense de notre avenir nécessite des changements radicaux. La disparition de toutes les armées et des armements en fait partie.
Le militarisme est l’ennemi des peuples. Face à celles et ceux qui disent défendre la paix en jouant la course aux armements, ne soyons pas dupes : il ne peut y avoir de sécurité sans désarmement global. À l’heure actuelle, il est urgent de le rappeler.