Un président américain avait coutume de dire du sanglant dictateur de la république dominicaine : « Trujillo est un salopard, mais c’est notre salopard ». On est à juste titre révolté par les méthodes de Daesh pour imposer la terreur dans les territoires syriens et irakiens qu’il contrôle. Mais que dire de celles qui règnent en Arabie saoudite ?
On y décapite au sabre, parfois en public : Amnesty International a compté au moins 151 exécutions cette année. Fin novembre, le poète palestinien Ashraf Fayad a été condamné à la décapitation pour « apostasie ». En 2014, il avait été condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet en première instance après une plainte suite à une discussion. Un homme affirmait alors l’avoir entendu tenir des propos contre Dieu, tandis qu’un religieux l’accusait d’avoir « blasphémé » dans un recueil de poèmes écrit il y a 10 ans. Lors de ce procès, Ashraf Fayad avait démenti que son ouvrage soit « blasphématoire », et s’était quand même excusé, échappant ainsi à une condamnation à mort. Un autre tribunal est donc revenu sur cette décision, jugeant que « le repentir, c’est pour Dieu »...
Le blogeur Raif Badawi a été condamné l’an dernier à un millier de coups de fouet, pour blasphème lui aussi. Ali Al Nimr, âgé de dix-sept ans au moment des faits, avait lui participé à des manifestations contre le pouvoir, dans le sillage des printemps arabes : il a été condamné en septembre dernier à la peine capitale et a été torturé durant son incarcération. Une domestique sri-lankaise a été condamnée fin novembre à la lapidation pour adultère. Etc.
Malgré cela, le gouvernement français est désormais au mieux avec la monarchie saoudienne. Comme l’écrit l’écrivain algérien Kamel Daoud (voir l’Anticapitaliste n°314) : « Daesh noir, Daesh blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologie, la femme et l’étranger non-musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’État islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre. »