Dans le courant de l’été, plusieurs militantes féministes ont comparu devant la justice pour des actions jugées illégales. La répression juridique contre les personnes qui luttent pour une société plus juste et égalitaire continue de s’intensifier.
Le 3 août dernier, au Tribunal de police de Lausanne, trois militantes féministes comparaissent devant une juge pour avoir participé à la manifestation cycliste Critical Mass qui a suivi la grève féministe du 14 juin à Lausanne. Elles sont accusées de trouble à l’ordre public, d’entrave à la circulation et d’empêchement d’accomplir un acte officiel. Le 18 août, c’est au tour de deux autres activistes de comparaître devant la justice, cette fois-ci à Yverdon, pour des tags déposés sur les murs de la ville dans la nuit du 8 au 9 mars 2020, suite à la mobilisation du 8 mars dans le cadre de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.
La justice n’est pas une instance féministe
À Yverdon, les prévenues ne sont pas acquittées mais condamnées uniquement pour deux des plaintes déposées. Elles écopent chacune d’une amende de 100 francs pour dommage à la propriété, de 5 jours-amende à 30 francs avec sursis, assortis d’un délai d’épreuve de deux ans. À Lausanne, elles sont reconnues coupables de toutes les infractions reprochées et condamnées à une peine pécuniaire de 20 jours-amende à 20 francs avec un sursis de deux ans, à une amende de 300 francs ainsi qu’à payer un tiers des frais de procédure se montant à 1 525 francs. Leurs avocates annoncent qu’elles déposeront un appel.
En parallèle, le 8 août dernier à Bâle, une condamnation pour viol est réduite de près d’un tiers, la Cour jugeant que la durée du viol – « seulement 11 minutes » – ainsi que la responsabilité partagée entre l’agresseur et sa victime, représentent des circonstances atténuantes.
La justice n’est pas une instance féministe. Elle n’a pas à cœur de défendre les droits des personnes discriminées en raison de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Tout comme la police, elle est un outil de domination et d’oppression institutionnelle, de maintien de l’ordre capitaliste raciste et patriarcal. Ces trois événements ne sont qu’un exemple supplémentaire.
Face à l’intensification de la répression des mouvements sociaux qui luttent pour la fin des violences sexistes et sexuelles, contre les violences policières ou pour dénoncer l’urgence de la crise climatique, il est aujourd’hui nécessaire de créer des dynamiques d’auto-organisation – et d’auto-défense – larges.
Paru dans le n°393 de solidaritéS (Suisse)