Une intervention militaire contre l’armement nucléaire en Iran, serait une aubaine pour le régime des mollahs en crise. Une fois de plus le dossier nucléaire iranien a été, le 5 mars dernier, au cœur de la rencontre entre Benyamin Nétanyahou et Barack Obama.
Le Premier ministre israélien a tenté de convaincre Obama de la nécessité d’une « intervention militaire préventive » contre les installations nucléaires de la République islamique d’Iran.
Depuis le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) rendu public en novembre 2011, la République islamique a encore accéléré son programme nucléaire en enrichissant l’uranium à un taux de 20 %. Le régime iranien pourrait, en quelques mois, obtenir de l’uranium « militaire » enrichi à plus de 90 %, cependant le débat au sommet du pouvoir iranien sur l’opportunité de fabriquer une bombe nucléaire n’est pas tranché. À ce stade, ce que souhaitent le Guide Ali Khameneï et la direction des Gardiens de la Révolution est d’être en capacité d’accéder à la bombe et c’est ce que l’État d’Israël veut empêcher. Menaces israéliennesEn martelant que l’approche des sanctions n’a pas porté ses fruits, les dirigeants israéliens multiplient les menaces qui s’accompagnent d’une guerre de l’ombre menée depuis plusieurs mois par les services de renseignements israéliens. En effet, outre les attaques informatiques contre les systèmes de centrifugeuses, plusieurs experts iraniens ont été assassinés lors d’attentats ciblés, commis en plein cœur de Téhéran notamment.
Lors de son entrevue avec Obama, Nétanyahou a réitéré sa demande à la communauté internationale et en particulier à l’administration américaine de poser trois conditions aux Iraniens avant même d’entamer toute nouvelle négociation : le démantèlement de l’usine d’enrichissement d’uranium, installée sous une montagne à Fordow, près de la ville sainte de Qom ; l’arrêt de toute opération d’enrichissement d’uranium dans les autres centres nucléaires iraniens ; le transfert hors d’Iran de l’uranium existant, enrichi à plus de 3,5 %. « Toutes les options ouvertes »D’accord pour refuser la nucléarisation de l’Iran et pour qu’Israël conserve le monopole de l’arme atomique dans la région, Washington et Tel Aviv divergent sur le timing et sur la marche à suivre. Comptant sur la pression des républicains et de l’AIPAC, le puissant lobby pro-israélien, l’objectif de Nétanyahou est de profiter de l’affaiblissement relatif d’un Obama en période électorale. Pour les dirigeants israéliens, l’enjeu est d’obtenir, avant les élections américaines, une intervention US contre les sites nucléaires iraniens ou, à défaut, un accord tacite et un appui logistique à une action israélienne.
Obama, qui n’entend pas s’engager dans un nouveau conflit au Moyen-Orient, a réaffirmé sa préférence pour la poursuite et le renforcement des sanctions contre la République islamique tout en répétant qu’il « gardait toutes les options ouvertes ».
Si Nétanyahou a voulu minimiser ses divergences avec le président étatsunien, il a néanmoins indiqué qu’Israël resterait « maître de son destin face à la menace posée par l’Iran ».
Position reprise de manière plus crue par un haut responsable israélien impliqué dans les discussions avec les États-Unis : « Nous sommes maintenant certains que les Américains ne feront rien, alors nous devons prendre une décision ». Solidarité avec les peuples d’IranLa nouvelle donne ouverte par le « printemps arabe » et notamment par l’affaiblissement du régime criminel de Bachar El Assad, allié stratégique de la République islamique et du Hezbollah libanais, ouvre une fenêtre historique pour les dirigeants israéliens. Ils entendent asseoir leur domination militaire dans la région. Pour cela, ils ont besoin d’une confrontation directe avec le régime de Téhéran. Une agression militaire contre l’Iran serait un cadeau inespéré pour la dictature des mollahs en proie à une crise de régime qui n’en finit pas. Un conflit se traduirait par une répression accrue contre toutes les oppositions et les mouvements de contestation et par un nouveau désastre pour les peuples de la région. Au côté de celles et ceux qui luttent pour la fin des oppressions et pour le renversement de la République islamique, nous devons nous opposer à toute intervention militaire impérialiste contre les peuples d’Iran.
Babak Kia