Après 40 jours d’une grève de la faim exceptionnelle par son ampleur et sa détermination, les prisonniers politiques palestiniens ont décidé de suspendre leur mouvement commencé le 17 avril.
C’est une défaite pour Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite. Dès le début du mouvement, les autorités israéliennes avaient adopté une position de totale intransigeance envers les grévistes et leurs représentants. On se souviendra notamment de l’indécent barbecue organisé par Ofer Sofer, responsable du parti d’extrême droite Union nationale, devant la prison d’Ofer pour que les grévistes « sentent l’odeur de la viande »...
Pour Netanyahou, il était inenvisageable de négocier quoi que ce soit avec « l’architerroriste » Marwan Barghouti. S’inspirant de la doctrine Thatcher envers les nationalistes irlandais, il assumait l’éventualité de voir des grévistes mourir. Et tout aura été tenté pour désorganiser le mouvement : désinformation, mises à l’isolement, déplacements des prisonniers, suppression du sel... Toutes ces mesures ont échoué, obligeant finalement les autorités à négocier longuement avec la direction de la grève.
Les acquis sont importants pour les prisonniers. Certes, l’heure de la libération des 6 500 prisonniers palestiniens n’a pas encore sonné, mais par leur puissant mouvement, le rapport de forces qu’ils ont instauré face aux autorités pénitentiaires, les grévistes ont obtenu satisfaction sur des revendications vitales pour survivre dans les prisons de l’ennemi : deux visites familiales mensuelles (au lieu d’une), extension du droit de visite à la sphère extra familiale, allongement à une heure des parloirs, mise en place d’un téléphone public dans chaque prison, amélioration de la cantine, augmentation des rations de viande, fruits et légumes, droit d’introduire des vêtements personnels, etc.
Le combat politique, dans et hors les prisons !
Dans les revendications portées par les grévistes figurent naturellement celles touchant aux droits fondamentaux du peuple palestinien : un État indépendant avec pour capitale Jérusalem, le droit au retour sur leur terre et dans leurs foyers d’origine pour tous les réfugiéEs expulsés depuis 1948. À eux seuls, les 1 800 grévistes ne pouvaient porter que symboliquement ces revendications qui engagent les 5 millions de Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie.
Pour autant, ils auront réussi, par le caractère unitaire de leur mouvement et l’écho international rencontré par celui-ci, à se présenter comme une alternative radicale à une « Autorité palestinienne » plus préoccupée à réprimer une nouvelle Intifada que de faire avancer la lutte de libération nationale. Le discrédit de Mahmoud Abbas, sa faible légitimité, et la corruption du régime, font du collectif des prisonniers et de Marwan Barghouti une potentielle direction alternative largement reconnue.
Mais la société israélienne n’en est pas encore là : lors d’un rassemblement à Tel Aviv ce samedi 27 mai à l’appel de « la paix maintenant », réunissant des milliers de personnes hostiles à la colonisation et favorables à la solution des deux États, les manifestantEs ont applaudi un message de soutien envoyé par Mahmoud Abbas : « Il est temps de vivre en paix dans l’harmonie, la sécurité et la stabilité... » Pourtant, il ne peut et il n’y aura pas de paix aussi longtemps que les revendications nationales du peuple palestinien ne seront pas satisfaites, avant que tous les prisonniers politiques ne soient libérés, tant que durera la colonisation...
Le succès de la grève de la faim, les manifestations de solidarité dans le monde entier, renforcent la lutte du peuple palestinien. Plus que jamais, l’intensification de la campagne BDS contribue à affaiblir l’État sioniste et nous rapproche de la victoire. Palestine vivra, Palestine vaincra !
Alain Pojolat