Depuis plusieurs semaines, les affrontements se sont multipliés autour de l’esplanade des Mosquées, opposant armée israélienne et juifs orthodoxes à la population palestinienne.
«La guerre déclarée par Netanyahou aux Palestiniens de Jérusalem est, et les affrontements de plus en plus fréquents sur l’esplanade des Mosquées nous inquiètent au plus haut point ». Cette déclaration alarmiste rendue publique par le quotidien israélien Haaretz n’émane pas d’une ONG favorable à la cause du peuple palestinien... mais du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle en dit long sur la caractère explosif de la situation en Cisjordanie – en particulier Hébron et Naplouse – et à Jérusalem, où les affrontements sont quotidiens. Certains journaux israéliens parlent désormais d’« intifada larvée » tandis que le gouvernement sioniste a décidé de renforcer l’arsenal répressif déjà bien fourni.
Stratégie de tension et escalade
« Les musulmans doivent pouvoir prier en paix dans ce lieu (Al Aqsa), dégagé de toutes violences, menaces et provocations », déclare encore le Conseil de sécurité. C’est en effet ce que revendiquent depuis toujours les musulmans palestiniens, ce qui leur est contesté par le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou appuyé par les intégristes religieux. L’escalade actuelle lancée à l’occasion du Yom Kippour par des organisations juives intégristes appuyées par l’armée, n’est que l’accentuation de la politique d’annexion de Jérusalem, notamment des lieux saints.
En interdisant aux hommes de moins de 40 ans d’accéder à la Mosquée, en instaurant 20 points de contrôle pour accéder à celle-ci, en laissant l’armée investir ce « symbole intangible » pour les Palestiniens, Netanyahou a mis le feu aux poudres. Aujourd’hui, l’incendie s’étend au-delà de Jérusalem et de la Cisjordanie.
Ainsi, des milliers de manifestants à l’appel des Frères musulmans ont défilé à Amman en Jordanie le vendredi 18 septembre en solidarité avec les Palestiniens de Jérusalem. Les slogans « Al Aqsa est en danger, nous sommes tous prêts à nous sacrifier » et « le peuple veut libérer la Palestine » étaient les mêmes à Amman, Hébron et Naplouse où les manifestations ont été durement réprimées par la police de l’Autorité palestinienne.
Permis de tuer
Se moquant des préoccupations d’un Conseil de sécurité qui n’a jamais fait appliquer la moindre résolution de l’ONU concernant Israël, Netanyahou entend imposer une nouvelle législation sur les « jeteurs de pierres » contre lesquels les peines seront doublées et pourront aller jusqu’à 20 ans de prison. « C’est notre droit et notre devoir d’imposer cette norme, comme nous l’avons fait avec les auteurs de viols »... Il est également envisagé dans les prochains jours de déployer des tireurs d’élite équipés d’armes létales contre les lanceurs de pierres qui, pour la plupart, sont des adolescents.
Cette escalade belliciste n’est pas sans rappeler les ordres donnés à l’armée sioniste au début de la première intifada en 1987 par le grand humaniste Yitzhak Rabin à propos des mêmes jeteurs de pierres : « Cassez-leur les os ! » Plus que jamais, nous devons demeurer vigilants sur l’évolution de la situation en Palestine où tous les ingrédients sont réunis pour un nouvel embrasement.
On ne saurait terminer cette chronique palestinienne sans évoquer le récent voyage d’Emmanuel Macron à Jérusalem au cours duquel il a déclaré que le boycott était illégal, et a vivement incité les juifs français à migrer en Israël... L’ennemi du peuple palestinien est dans notre propre pays.
Alain Pojolat