Seconde force de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) dénonce la résolution, dite « initiative française soutenue par la Jordanie » présenté à l’ONU pour la reconnaissance de l’État palestinien.
Le FPLP met en lumière le contenu de cette énième résolution proposée à la communauté internationale.
La résolution ne propose aucune sanction : « À la différence des résolutions que le Conseil de sécurité a adoptées avec tellement d’ardeur contre l’Irak, la Syrie, le Soudan et d’autres pays, ce projet ne contient aucune exigence, mandat ou pénalité d’aucune sorte, mais présente plutôt une vue fausse du "conflit", comme si c’était un conflit entre des parties égales avec des droits et des intérêts légitimes ».
Elle n’impose pas la création de l’État palestinien : « En aucune manière, cette résolution ne mandate la création d’un État palestinien dans les 12 mois. Elle se contente d’"affirmer un besoin urgent" et "ne crée aucune exigence ni mandat pour mettre ce souhait en application." »
Mais le plus important, c’est que cette résolution remet en cause la résolution 194 de l’ONU exigeant le droit au retour de tous les réfugiés chassés de la terre de Palestine en 1948 : « En second lieu, et plus important, le projet de résolution cherche à remplacer la pierre angulaire des résolutions de l’ONU sur l’inaliénable droit au retour des réfugiés palestiniens, qu’on leur dénie depuis plus de 66 années, la Résolution 194, par "une solution juste et convenue à la question de réfugiés de la Palestine sur la base de l’Initiative de paix arabe, du droit international et des résolutions pertinentes des Nations unies, y compris la résolution 194 (III)." Le Front populaire de libération de la Palestine a toujours rejeté la soi-disant Initiative de paix arabe et toutes les initiatives semblables, car elles cherchent à remplacer le droit individuel, national et collectif au retour des réfugiés palestiniens par "une solution négociée" qui met ce droit sur la table de négociation pour qu’il soit vendu ou marchandé. »
Colons et colonisés à égalité ?
Concernant les colonies, « la résolution est très en deçà des résolutions existantes de l’ONU : elle n’exige pas la fin de la construction des implantations coloniales mais simplement "appelle (…) les parties à s’abstenir (…) d’activités d’implantation." Nulle part le projet de résolution ne mandate le démantèlement des colonies. Il favorise plutôt les "échanges de terre" et laisse entièrement de côté la question des colons. » Inutile d’insister sur le cynisme de cette communauté internationale qui met sur un pied d’égalité l’État sioniste et l’occupé palestinien, en appelant les deux parties à s’abstenir « d’activité d’implantation » comme si le peuple palestinien occupait illégalement un seul pouce de sa terre !
L’initiative française à l’ONU, les diverses résolutions des Parlements européens, se veulent une réponse en premier lieu à la courageuse résistance du peuple palestinien, mais aussi à la montée en puissance des mobilisations de solidarité, avec la résistance palestinienne de par le monde et en particulier : l’extension de la campagne populaire internationale de Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).
Cette nouvelle manœuvre tente, elle, de maintenir « l’esprit » des accords d’Oslo qui n’ont permis que de renforcer le colonialisme et les crimes de l’État israélien.
Marc Prunier
Texte en anglais : http ://pflp.ps/english/2014/12/19/pflp-on-draft-un-security-council-resolution-of-french-initiative-threat-to-palestinian-rights