Les éléctions législatives qui se sont déroulée le 28 septembre se sont traduites par le recul du Parti socialiste et un doublement du nombre de députés pour le Bloc de gauche.
Les élections législatives du dimanche 27 septembre au Portugal ont changé le panorama politique : le Parti socialiste qui en 2005, avec 45 % de voix, avait eu la majorité absolue en nombre de députés, a perdu plus d’un demi-million de voix et tombe à 36,56 %. Bien que vainqueur, il est minoritaire au Parlement. C'est la seule force politique qui a perdu des députés par rapport à 2005 (96 contre 121).
Le résultat du PS est le plus faible depuis 1991. C'est sans aucun doute la conséquence de la politique anti-sociale qu'il a menée, d’une majorité absolue arrogante qui a choisi de sauver les banquiers de la faillite au lieu de mettre en place un service bancaire public ; qui a fait passer une loi sur le travail qui a fait sourire l’ancien ministre de droite Durão Barroso. Dorénavant, il est plus facile de licencier dans un pays qui compte déjà près de 600 000 chômeurs dont la moitié ne perçoit pas d’ allocation chômage, et la précarité est devenue la régle. Un gouvernement qui a menée une guerre ouverte contre les enseignants et les fonctionnaires comme aucun autre ne l'avait fait auparavant.
Le PSD (centre liberal), tout en gagnant trois élus par rapport à 2005, a cependant réalisé un de ses plus mauvais scores, au bénéfice du parti de droite (PP). Le PP devient ainsi la 3e force politique (il était en 4e position en 2005). Le PC est passé a reculé de la 3e à 5e place.
Le Bloc de gauche est le parti qui a le plus progressé. Avec plus d’un demi-million de voix (557 109), dans un pays d'un peu plus de 9 millions d’électeurs, il en a gagné 192 679 et passe de 5e à 4e force politique (il est en 3e position dans un grand nombre des principales villes du pays). Au niveau national, le score a augmenté de 6,38 % à 9,85 % et il a doublé son nombre d'élus (6 femmes et 10 hommes). De plus, tandis qu’en 2005 les député(e)s élus venaient des seules circonscriptions de Lisbonne (4), Porto (2) et Setúbal (2), cette fois-ci, le Bloc de gauche compte des élu(e)s dans 9 des 20 circonscriptions : 1 élu(e) à Aveiro, Braga, Coimbra, Leiria, Santarém et Faro ; une élue supplémentaire à Porto et à Lisbonne.
Le Bloc pésera encore davantage dans la vie politique portugaise, non seulement au Parlement, mais aussi et surtout dans les luttes, puisque ce score est le résultat d’une campagne intense, de contacts permanents avec les travailleurs et les secteurs populaires et d’un programme anticapitaliste clair comportant des propositions concrètes et alternatives à celles du PS et du PSD.
Le trois objectifs que le Bloc s'était fixé pour cette campagne, qui étaient d'empêcher le PS de disposer de la majorité absolue, d'augmenter le nombre de voix et le nombre d’élus ont tous été atteints.
Au Parlement, le Bloc et le PC ont ensemble 31 députés, répresentant plus de 18 % des voix. Jamais la gauche du PS n'avait obtenu un tel résultat.
Le PS va être obligé de choisir entre une alliance avec la gauche que représente le Bloc de gauche ou avec la droite réactionnaire incarnée par le PP. S'il opte pour la gauche, il devra présenter des propositions qui découlent du programme du Bloc de gauche comme par exemple, abroger la loi sur le travail et imposer un impôt sur les grandes fortunes pour financer la Sécurité sociale.
Après ces éclections, le cadre politique est davantage polarisé au Portugal, à droite comme à gauche. La lutte politique et sociale va se développer dans les mois à venir. Et le Bloc est plus fort que jamais.
Alda Sousa