Hollande semble, sinon un président, du moins un homme comblé. Il est au plus bas dans les sondages, son gouvernement prend l’eau de partout, mais tout va bien. Il s’est promené aux USA dans les pas de La Fayette, Obama lui a déroulé le tapis rouge, l’a invité à la Maison blanche et lui a offert de signer avec lui une tribune publiée dans le Monde adressée à toute la planète...
Certes, Obama n’est plus qu’un président en difficulté dont le radicalisme progressiste est largement émoussé pour ne pas dire déconsidéré et cède la place à un président de la finance défendant les intérêts de la première puissance capitaliste du monde. « Une alliance transformée », titre leur tribune. Transformée ? C’est beaucoup dire, là encore Hollande marche dans les pas de Sarkozy, avec zèle, pour que l’impérialisme de seconde zone qu’est la France trouve sa place à l’ombre de la première puissance mondiale. « Plus qu’ailleurs, c’est peut-être en Afrique que notre nouveau partenariat trouve son expression la plus visible » écrivent-ils et de citer le Mali, « tout le Sahel », la République centrafricaine, « tout le continent, du Sénégal à la Somalie ». Obama confie à Hollande le maintien de l’ordre dans les anciennes colonies françaises. Et Hollande est tout fier de pouvoir être associé à ces nations qui « partagent le poids et le prix du leadership », qui « prennent leurs responsabilités pour garantir la sécurité et la paix dans le monde et faire progresser la liberté et les droits de l’homme ». Plutôt, en vérité, maintenir leur ordre libéral et impérialiste face à un monde où la concurrence entre les puissances s’exacerbe. « Un pays ne peut pas à lui seul venir à bout des défis transnationaux », et Hollande se place pour que la France trouve son rôle dans les tensions internationales afin de défendre les intérêts de ses multinationales. En Afrique mais aussi au Moyen-Orient, où elle courtise l’Arabie saoudite et fait du zèle contre l’Iran pour le plus grand plaisir d’Israël...
Alliance impérialiste et aussi libérale, « parallèlement au nouvel élan imprimé à notre alliance sur la scène mondiale, nous cherchons à approfondir notre relation économique » pour développer un « partenariat pour le commerce et l’investissement » entre l’Union européenne et les États-Unis, écrivent-ils évoquant les négociations sur le traité de libre-échange transatlantique qui vise à consolider la domination des vieilles puissances impérialistes face à leurs concurrents contre les travailleurs et les peuples.
Hollande est heureux, il est reconnu par les USA pour bons et loyaux services auprès de ses amis de la haute finance dont il commence à connaître les visages...
Yvan Lemaitre