Publié le Mercredi 13 janvier 2016 à 09h10.

PrisonnierEs politiques basques : Plus de 80 000 manifestantEs à Bayonne et à Bilbao

La manifestation annuelle en défense des prisonnierEs politiques basques (preso) qui a lieu en début d’année à Bilbao a cette fois été dédoublée avec celle de Bayonne, coorganisée par les collectifs Bagoaz (Pays basque nord) et Sare (Pays basque sud). Ce samedi 9 janvier a été un succès, avec 10 000 manifestantEs à Bayonne et 71 000 à Bilbao.

Il y a aujourd’hui plus de 400 preso, dont une centaine en France, bien que l’ETA ait définitivement arrêté la lutte armée depuis maintenant plus de quatre ans. Le processus de paix est en marche au Pays basque, un nouveau contexte historique commence... mais de façon unilatérale. La société basque et ses organisations tentent de le construire, mais les États espagnol et français refusent tout dialogue, et maintiennent la voie répressive, voire l’accentuent.

Le Collectif des preso comme celui des exiléEs sont partie prenante du processus. Mais pas un geste n’a été fait de la part des gouvernements. En France, les prisonnierEs très gravement malades — Lorentxa Gimon, atteinte de la maladie de Crohn, et Ibon Fernandez, atteint d’une sclérose en plaque — restent incarcérés, l’une à Rennes, l’autre à Lannemezan, malgré la loi Kouchner de 2002 (à l’origine, elle avait entraîné la libération de… Papon). Les demandes de libération conditionnelle sont systématiquement refusées.

L’éloignement du Pays basque et la dispersion dans différentes prisons règnent pour les preso. Le coût économique et humain des visites des familles et des amis est lourd et intolérable (avec 16 morts sur les routes).

Plusieurs syndicats ont appelé à manifester le 9 janvier à Bayonne sur la base d’un texte unitaire intersyndical. Et de même pour plus de 220 éluEs de tous bords, dont les maires des plus importantes communes de la Côte basque (Bayonne, Anglet et Biarritz), ont signé un appel à la manifestation.

« Mobilisation jusqu’à la libération de touTEs les prisonnierEs »

Les familles de prisonnierEs ouvraient le cortège, suivies par la banderole de tête « Droits de l’homme, Résolution, Paix – Euskal presoak, euskal herrira (Les prisonnierEs basques au Pays basque ». Notre porte-parole Philippe Poutou était présent, apportant le soutien du NPA national. La prise de parole à la fin de la manifestation de Bayonne a réitéré les mots d’ordre de la journée : « Fin de l’éloignement et de la dispersion des preso, rapprochement du Pays basque, libération immédiate pour les gravement malades et les « conditionnables ».

Le 24 novembre dernier, le juge a répondu de façon positive à la demande de libération de Lorentxa Gimon, considérant à juste titre que sa libération était nécessaire pour qu’elle bénéficie des soins indispensables dans les meilleures conditions. Mais le jour même, montrant un acharnement politique aux très graves conséquences, le Parquet a fait appel, ce qui a entraîné le maintien en prison de Lorentxa dans l’attente du procès qui doit avoir lieu le 14 janvier. Ces dernières semaines, l’aggravation de son état de santé a nécessité par deux fois son hospitalisation d’urgence.

Le gouvernement Hollande a été directement interpellé : « Nous le disons aujourd’hui solennellement : le gouvernement français est responsable de ces situations et devra rendre des comptes . »

Le collectif organisateur Bagoaz (dont le NPA Pays basque fait partie avec 24 autres organisations politiques, syndicales, associatives) centre aujourd’hui les mobilisations sur ces revendications immédiates. Il faudra ensuite continuer jusqu’à l’amnistie dans le cadre de la résolution générale du conflit.

La prise de parole s’est conclue par « Nous poursuivrons et intensifierons la mobilisation jusqu’à la libération de toutes et tous les prisonnierEs, jusqu’au retour de toutes et tous les exiléEs ».

Claude Larrieu