Publié le Mercredi 4 janvier 2017 à 08h51.

Procès Obiang : à quand celui de la Société Générale ?

Le 2 janvier s’est enfin ouvert à Paris le procès de Teodorin Obiang, vice-président et fils du président de Guinée équatoriale (qui se succède à lui-même depuis 1979). Le pays est le 3e producteur de pétrole d’Afrique subsaharienne, et on y trouve également du gaz naturel et des bois exotiques. L’enquête sur les biens possédés par Teodorin Obiang en France a débouché sur la découverte d’un trésor invraisemblable : un hôtel particulier parisien de plus de 4 000 mètres carrés sur cinq étages, dont la seule chambre de maître mesurait 100 mètres carrés... L’écran géant avait été acheté 100 000 euros, la collection de 18 véhicules de luxe a été estimée à 7,4 millions d’euros, les bijoux et les montres à des centaines de milliers...

Teodorin Obiang est bien un pourri qui détourne à son profit les richesses de son pays. Mais la survie aussi durable de corrompus de cette envergure suppose qu’il y ait des corrupteurs et plus globalement des gens qui profitent de la corruption... « Les sommes détournées par ces familles n’ont pas été perdues pour tout le monde : elles ont transité par des banques françaises, ont été dépensées dans de grands palaces parisiens, auprès de grands couturiers », souligne dans la Croix Thomas Hoffnung, co-auteur d’un ouvrage sur la question.

La Société générale en particulier était largement au courant des agissements d’Obiang : sa filiale en Guinée équatoriale lui avait ouvert des comptes, non seulement à titre personnel mais pour des sociétés avec lesquelles il est lié telles la Somagui Forestal (bois précieux). Près de 100 millions d’euros auraient ainsi transité sur le compte du dirigeant et plus de 60 millions d’euros sur celui de Somagui Forestal entre 2007 et 2010. Des perquisitions au siège de la Société générale auraient exhumé des mails internes montrant que le caractère sulfureux des affaires de Teodorin Obiang était bien connu...

La stigmatisation des dirigeants corrompus des pays du Sud ne doit pas faire oublier qu’ils ne sont que les rouages d’un système régi par les pays impérialistes du Nord.