Publié le Mardi 17 novembre 2020 à 18h09.

Quel avenir pour Trump et le trumpisme?

Le démocrate Joseph Biden a battu le président républicain Donald Trump par un vote populaire d'environ 78,6 contre 72,9 millions de voix, ce qui devrait donner un vote du collège électoral de 306 contre 232. Mais, à ce jour (15 novembre), Trump refuse de concéder sa défaite et qualifie le vote de « truqué » et l'élection de « volée ».

Si Trump ne s'est pas exprimé en public sur cette question, ses tweets maintiennent ses partisans mobilisés et les encouragent à contribuer au « comité d'action politique » (un organisme créé pour recueillir des fonds — NDLR) qu'il a créé, prétendument pour financer ses actions en justice afin de renverser les résultats électoraux dans divers États, mais en fait pour payer les dettes de sa campagne. Son intransigeance a encouragé des dizaines de milliers de ses partisans — y compris des groupes nationalistes blancs d'extrême droite — à manifester samedi 14 novembre à Washington pour protester contre le « vol » de l'élection.

Double agenda judiciaire

Pendant ce temps, les actions judiciaires engagées par Trump dans plusieurs États du champ de bataille — Arizona, Michigan, Pennsylvanie et Géorgie — ont été rejetées, principalement pour manque de preuves de fraude ou de mauvaise gestion du vote. Cet échec à gagner les poursuites rend presque impossible la deuxième étape plus élevée du défi politique : la tentative d'amener les législatures des États à annuler le vote et à envoyer des délégués favorables à Trump au Collège électoral le 14 décembre. Tout cela a conduit certains dirigeants républicains à commencer à abandonner Trump et à reconnaître la victoire de Biden. L'effondrement de cette stratégie juridique et le déclin du soutien de son parti empêchent donc Trump d'organiser une sorte de coup d'État.

Ayant perdu les élections, quel est l’avenir de Trump? En haut de son ordre du jour, il y a une amnistie pour lui-même, une amnistie pour des délits pour lesquels ils risquerait d’être condamné. Il pourrait essayer d'utiliser la grâce présidentielle pour se pardonner, ce qui aboutirait presque sûrement à la Cour suprême. Certains pensent qu'il démissionnera avant le 20 janvier, afin que le vice-président Michael Pence puisse assumer la présidence et lui pardonner. Le précédent en est le pardon inconditionnel du président Richard Nixon pour tous les crimes qu'il aurait pu commettre par son vice-président et successeur après sa démission, Gerald Ford, en 1978. Un tel pardon, cependant, ne couvrirait que les crimes fédéraux, et les procureurs de l'État de New York sont prêts à inculper Trump pour des délits financiers et électoraux.

Plus de la moitié de la classe ouvrière blanche soutient Trump

Trump a suggéré qu'en quittant la Maison Blanche, il pourrait lancer un nouveau programme télévisé, car il est furieux contre Fox News, qui pendant des années l'a soutenu et promu mais qui a reconnu très tôt la victoire de Biden. Il pourrait trouver un réseau pour une émission de télévision avec lui-même comme star, dont les revenus seraient importants, d'autant plus qu'il a près de 900 millions de dollars de dettes à venir.

Trump a également parlé de se présenter à nouveau à la présidence en 2024. S'il commençait à faire campagne pour les élections dans quatre ans, cela causerait des difficultés au Parti républicain dont les dirigeants aimeraient peut-être se libérer de leur vassalité envers lui. Certains proches de Trump pensent qu'il ne se lancera pas dans la course de peur de perdre. Si Trump décide de ne pas se présenter, Pence ou un autre républicain moins flamboyant mais tout aussi de droite se présenteront.

Un problème plus important que Trump est le « trumpisme ». Quelque 70 millions de personnes ont voté pour Trump, et peut-être un tiers d'entre elles sont des racistes purs et durs qui se sont ralliés à la construction du mur frontalier, à l'interdiction de l’entrée des musulmanEs et à son appel à rendre sa « grandeur » à l'Amérique. Plus de la moitié de la classe ouvrière blanche soutient Trump, ce qui pose un énorme défi pour la construction d'un mouvement progressiste de la classe ouvrière. Si Trump lance son émission de télévision et sa campagne « Trump 2024 », il continuera à nourrir sa base de sa désinformation, de ses mensonges et de ses opinions racistes, sexistes et anti-immigrées à travers ses tweets et des rassemblements de masse. Il y a aussi la possibilité qu'un autre politicien encore plus virulent, un néo-fasciste, se lève pour le défier.

Changement historique : les Républicains sont devenus le parti de la classe ouvrière blanche. La tâche de la gauche sera de trouver un moyen de construire un mouvement ouvrier multiethnique pour résister à Trump et faire pression sur le néolibéral Biden.

Traduction Henri Wilno